Var-Matin (Grand Toulon)

Le temps du renouvelle­ment

- Par MICHÈLE COTTA

Cela a pris un peu plus de temps que prévu, mais ça y est. Le gouverneme­nt Edouard Philippe, le premier de la présidence d’Emmanuel Macron, est, comme le président de la République s’y était engagé, paritaire, pluraliste, et largement ouvert à la société civile. La parité est presque atteinte : douze hommes et onze femmes en comptant le Premier ministre, même si une seule femme hérite d’un portefeuil­le régalien, celui des Armées. Le pluralisme est assuré : de Gérald Darmanin à François Bayrou, de Jean- Yves Le Drian à Bruno Le Maire, la gauche, la droite et le centre gouvernero­nt ensemble, fait unique dans l’histoire de la Ve République. Les partisans de la première heure d’Emmanuel Macron, ceux qui croyaient en sa bonne étoile depuis les débuts du mouvement « En marche ! », longtemps qualifié de « bulle médiatique », s’y voient attribuer une place de choix, qu’il s’agisse du ministère de l’Intérieur pour l’ancien maire de Lyon ou de la Cohésion des territoire­s pour Richard Ferrand. Quant à François Bayrou, qui a rangé le Modem sous la bannière du président de la République dès l’automne dernier il se voit garde des Sceaux, en charge de la première grande loi du quinquenna­t, la loi, qu’il souhaitait depuis longtemps, de moralisati­on de la vie politique. Et enfin, surtout, la moitié des ministres et secrétaire­s d’État nommés hier viennent des multiples secteurs de la vie civile, où ils sont tous connus et reconnus par leurs pairs, médecin, spécialist­e des affaires sociales, directeur d’une grande école de commerce, sportive de renom, ou petit génie de l’informatiq­ue : tous se sont installés hier soir dans leur ministère. Le plus célèbre d’entre eux est évidemment l’écologiste Nicolas Hulot, qui avait jusqu’à présent refusé à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande de figurer dans un gouverneme­nt C’est fait : l’ancien animateur de télévision devenu le plus ardent des défenseurs de la planète, une des personnali­tés les plus populaires en France, a jugé que la menace écologique était aujourd’hui si forte qu’il ne devait pas refuser la propositio­n qui lui était faite. Plusieurs Premiers ministres ont voulu faire appel, et depuis longtemps, à des non-profession­nels de la politique. Mais ce fut toujours à dose homéopathi­que. Ainsi Fleur Pellerin, ministre du Numérique puis éphémère ministre de la Culture, se sentait, elle, bien seule dans le gouverneme­nt de Manuel Valls. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, au moment où les Français, on le sait, expriment leur méfiance vis-à-vis de la classe dirigeante. Si l’on ajoute à cela que seuls quatre ministres nommés hier ont déjà exercé des responsabi­lités gouverneme­ntales, on mesure le renouvelle­ment proposé hier. Un gouverneme­nt, c’est une somme d’individual­ités, mais aussi et surtout une collectivi­té. Voilà pourquoi tous les partenaire­s de cette nouvelle équipe, d’où qu’ils viennent, de gauche ou de droite, devront trouver le moyen d’oublier leurs différence­s, et souvent leurs ego, pour avancer ensemble. Ce ne sera peut-être pas facile. Mais c’est la règle d’un jeu à laquelle ils ne pourront pas déroger.

« La gauche, la droite et le centre gouvernero­nt ensemble, fait unique dans l’histoire de la Ve République. »

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