Le temps du renouvellement
Cela a pris un peu plus de temps que prévu, mais ça y est. Le gouvernement Edouard Philippe, le premier de la présidence d’Emmanuel Macron, est, comme le président de la République s’y était engagé, paritaire, pluraliste, et largement ouvert à la société civile. La parité est presque atteinte : douze hommes et onze femmes en comptant le Premier ministre, même si une seule femme hérite d’un portefeuille régalien, celui des Armées. Le pluralisme est assuré : de Gérald Darmanin à François Bayrou, de Jean- Yves Le Drian à Bruno Le Maire, la gauche, la droite et le centre gouverneront ensemble, fait unique dans l’histoire de la Ve République. Les partisans de la première heure d’Emmanuel Macron, ceux qui croyaient en sa bonne étoile depuis les débuts du mouvement « En marche ! », longtemps qualifié de « bulle médiatique », s’y voient attribuer une place de choix, qu’il s’agisse du ministère de l’Intérieur pour l’ancien maire de Lyon ou de la Cohésion des territoires pour Richard Ferrand. Quant à François Bayrou, qui a rangé le Modem sous la bannière du président de la République dès l’automne dernier il se voit garde des Sceaux, en charge de la première grande loi du quinquennat, la loi, qu’il souhaitait depuis longtemps, de moralisation de la vie politique. Et enfin, surtout, la moitié des ministres et secrétaires d’État nommés hier viennent des multiples secteurs de la vie civile, où ils sont tous connus et reconnus par leurs pairs, médecin, spécialiste des affaires sociales, directeur d’une grande école de commerce, sportive de renom, ou petit génie de l’informatique : tous se sont installés hier soir dans leur ministère. Le plus célèbre d’entre eux est évidemment l’écologiste Nicolas Hulot, qui avait jusqu’à présent refusé à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande de figurer dans un gouvernement C’est fait : l’ancien animateur de télévision devenu le plus ardent des défenseurs de la planète, une des personnalités les plus populaires en France, a jugé que la menace écologique était aujourd’hui si forte qu’il ne devait pas refuser la proposition qui lui était faite. Plusieurs Premiers ministres ont voulu faire appel, et depuis longtemps, à des non-professionnels de la politique. Mais ce fut toujours à dose homéopathique. Ainsi Fleur Pellerin, ministre du Numérique puis éphémère ministre de la Culture, se sentait, elle, bien seule dans le gouvernement de Manuel Valls. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, au moment où les Français, on le sait, expriment leur méfiance vis-à-vis de la classe dirigeante. Si l’on ajoute à cela que seuls quatre ministres nommés hier ont déjà exercé des responsabilités gouvernementales, on mesure le renouvellement proposé hier. Un gouvernement, c’est une somme d’individualités, mais aussi et surtout une collectivité. Voilà pourquoi tous les partenaires de cette nouvelle équipe, d’où qu’ils viennent, de gauche ou de droite, devront trouver le moyen d’oublier leurs différences, et souvent leurs ego, pour avancer ensemble. Ce ne sera peut-être pas facile. Mais c’est la règle d’un jeu à laquelle ils ne pourront pas déroger.
« La gauche, la droite et le centre gouverneront ensemble, fait unique dans l’histoire de la Ve République. »