Nouveau scandale à la Maison-Blanche
L’étau se resserrait hier autour de Donald Trump, accusé de tentative d’entrave à la justice et d’avoir livré des secrets à la Russie en trahissant l’allié israélien. Ses alliés républicains le soutiennent encore, mais prennent les affaires très au sérieux. «Aucun homme politique dans l’histoire, et je dis cela avec beaucoup d’assurance, n’a été traité plus injustement», s’est plaint le 45e président des EtatsUnis lors d’un discours devant l’Ecole des gardes-côtes. Ces phrases étaient sa seule allusion, hier, à l’atmosphère de crise qui s’est répandue sur la capitale fédérale américaine depuis une semaine. Il y a d’abord eu le limogeage plus qu’expéditif du directeur du FBI, James Comey, sous le prétexte de sa gestion de l’affaire des e-mails d’Hillary Clinton – avant que Trump, qui est exaspéré par la persistance de l’enquête sur une éventuelle collusion entre des membres de son équipe de campagne et la Russie, n’admette qu’il avait depuis longtemps décidé de s’en débarrasser.
Vladimir Poutine ironise
Puis a éclaté l’affaire, révélée par le Washington Post, concernant la divulgation d’informations top secret au chef de la diplomatie russe et à l’ambassadeur de Moscou, dans le Bureau ovale, le 11 mai (nos éditions d’hier). Celles-ci concerneraient une opération envisagée par Daesh à l’aide d’ordinateurs portables dont la batterie aurait été remplacée par des explosifs – d’où la récente mesure d’interdiction de ces objets sur un certains nombre de vols, prise par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Très sensibles, elles auraient été fournies par Israël, dont les méthodes et sources sur le territoire de l’organisation djihadiste risquent ainsi d’être mises à jour par la Russie. Depuis le Kremlin, Vladimir Poutine a ironisé hier sur les batailles qui déchirent Washington et... proposé au Congrès de fournir la retranscription russe du rendez-vous du Bureau ovale. Et dans la nuit d’hier à aujourd’hui, nouveau scandale, en lien avec la première affaire : le New York Times révèle que Trump aurait demandé, en février, à James Comey de classer l’enquête sur Michael Flynn, son éphémère conseiller à la sécurité nationale soupçonné de jeux troubles avec les Russes. Le patron du FBI aurait consigné cette tentative d’étouffer une enquête dans des notes, qui ont commencé à fuiter dans la presse. En réaction, le Congrès aussitôt demandé hier qu’il vienne témoigner lors d’une audition publique, et que ces notes soient produites.
Des fissures dans les rangs républicains
Au Congrès américain, le sentiment oscillait entre lassitude, exaspération et stupéfaction. Pour l’instant, l’immense majorité des républicains refusent de se joindre aux appels de l’opposition démocrate à la nomination d’un procureur spécial pour reprendre l’enquête sur la Russie. Mais le front commence à se fissurer : une poignée d’entre eux y sont désormais favorables. Dont le sénateur John McCain, adversaire malheureux de Barack Obama en 2008, qui a comparé la situation, par son ampleur, au scandale du Watergate qui fit tomber Richard Nixon en 1974.