Var-Matin (Grand Toulon)

BASKET-BALL PRO A (HYÈRES-TOULON, RETOUR SUR LA SAISON -)

Le futur ex-coach du HTV, Kyle Milling, a vécu un baptême du feu éprouvant en Pro A. Mais pour lui, le maintien décroché reste l’essentiel. « C’est de ça dont on se souviendra », assure-t-il

- PROPOS RECUEILLIS PAR GUILLAUME RATHELOT

Vêtu d’un tee-shirt vert, comme la couleur de son prochain club, Limoges, Kyle Milling a posé sa carcasse sur la chaise d’une bonne table toulonnais­e. Entre deux bouchées d’un « burger jurassien », l’entraîneur du HTV n’a éludé aucune question. Revenant d’abord sur le maintien de son équipe en Pro A, acquis dans la douleur et une ambiance tendue en interne.

En début de saison, vous disiez tondre la pelouse du jardin pour évacuer le stress. Dans quel état se trouve-t-elle aujourd’hui ? (rires) Je n’ai plus de pelouse. Je l’ai tondue tous les jours pendant trois mois. Mais maintenant, elle peut repousser, car on a réussi l’objectif du club : le maintien. C’est le plus important.

Comment avez-vous vécu ces trois mois (entre fin janvier et début mai, en fait), avec l’enchaîneme­nt de défaites ? C’était frustrant, car le groupe a bien travaillé et il ne manquait pas grand-chose à chaque fois pour gagner. C’était comme un mec en boîte de nuit qui veut draguer des filles. Il y en a , il récupère les numéros de téléphone, mais il n’y arrive jamais...

Comment l’expliquer? C’était compliqué, car on n’a pas eu de résultats (V-D sur la phase retour, Ndlr). Mais pas Le contexte a-t-il atténué seulement pour ça. L’ambiance la satisfacti­on d’avoir rempli autour de l’équipe a pesé. les objectifs ? Pendant un an et demi, la Oui (silence)... J’ai essayé de ne solidarité, qui était pas écouter

Lâcher le club, notre force, sur le les gens terrain et dans le qui parlent.

l’équipe ? C’est club, nous donnait Mais quand

complèteme­nt un petit extra j’ai entendu pour gagner les que je

faux” matches. Depuis lâchais janvier, il n’y en l’équipe, avait plus (dès que le HTV a appris le club, que j’étais en vacances l’intérêt mutuel entre Limoges et ou que je n’en avais rien à foutre Milling, les relations se sont du HTV, ça m’a touché, car c’était dégradées – lire aussi notre édition complèteme­nt faux. Tous ceux de mardi). On n’a pas changé qui me connaissen­t savent que notre manière de travailler, et je voulais gagner encore plus peut-être qu’on travaillai­t même de matches. Le maintien a enlevé encore plus, mais on n’était pas pas mal de pression. On a fait récompensé­s. Après, dans un le job, point final. mois, six mois ou un an, on se souviendra qu’on s’est maintenu en Pro A, avec onze victoires. Est-ce qu’on ressort indemne de ce genre d’épisodes ? Chaque entraîneur va vivre des moments difficiles. Pour moi, c’était la première fois... C’est peut-être bien que ça me soit arrivé avant de partir. J’ai appris pas mal de choses, sur moimême, sur comment gérer un groupe et une crise. Après, dans le sport, si tu n’es pas capable d’accepter les critiques, c’est que tu n’es pas fait pour ce métier.

Que le public vous critique, c’est une chose. Mais quand c’est le président qui vous allume... Ça veut dire qu’il ne me connaît pas en tant que personne, juste en tant qu’entraîneur.

Quelle image pensez-vous laisser au HTV ? J’espère celle de quelqu’un qui s’est toujours donné à  %, en tant que joueur et coach. De quelqu’un qui a mouillé le maillot puis le costume. Qui aime le club et les gens qui y travaillen­t. De quelqu’un aussi qui parle avec pas mal de monde et qui respecte presque tout le monde... Quand tu respectes les gens, normalemen­t ils le font en retour. Tous les gens qui me connaissen­t sont contents que j’aille à Limoges.

À propos de respect mutuel, le club ne vous a pas rendu hommage... Ça vous a blessé ? Non. Si le club n’en avait pas envie, ce n’était pas la peine. En revanche, les applaudiss­ements du public (après le dernier match à la maison contre Limoges, Ndlr), c’était spontané, ça m’a touché. Quant à moi, je tiens à remercier Philippe Legname (le manager général du HTV) et Roland Palacios (l’ancien président), qui ont lancé ma carrière de coach. Ainsi que Sébastien Devos, mon assistant que je ne connaissai­s pas et qui est devenu un ami, et tous les joueurs qui ont joué pour moi depuis deux ans. C’est grâce à eux que je pars à Limoges.

Le feuilleton a pris fin mercredi avec l’officialis­ation de votre signature pour trois ans au CSP. Comment cela s’est-il passé ? Début janvier, Limoges a contacté mon agent pour savoir si j’étais Limoges veut s’appuyer sur des intéressé. Je n’ai même pas jeunes Français. Est-ce que des réfléchi une seconde. C’était joueurs comme Howard, Julien l’opportunit­é de passer un cap ou Poirier, que vous avez déjà dans ma carrière, d’aller dans coachés, vont vous suivre ? un club qui peut changer ma vie. Il y a beaucoup d’équipes J’en ai parlé au HTV et ça a tout en France et ailleurs qui sont de suite créé une guerre. On n’a en contacts avec eux. Ils sont même pas pu discuter. C’était convoités. Will (Howard) a des non, point final. Ça a duré... opportunit­és de partir dans un Mon agent a négocié et j’ai payé grand club. C’est bien pour lui car mon départ. c’est comme Limoges, c’est

ça qu’il peut Pourquoi avoir progresser

un club qui accepté ? mentalemen­t.

peut changer Parce que c’est Limoges! C’est Pensez-vous

ma vie” connu en France, déjà au même des gens match HTV Limoges qui ne connaissen­t rien au basket, de la saison prochaine ? et en Europe. J’espère y rester Ce sera un plaisir de revenir. longtemps. J’ai toujours eu C’est la première ligne que l’ambition de coacher au plus je regarderai quand le calendrier haut niveau. J’en ai l’opportunit­é sortira. très vite.

La pression et l’exigence du public, plus élevées qu’au HTV, ne vous font-elles pas peur ? À tous les niveaux, il y a de la pression. Ici, au HTV, on a joué le maintien et maintenant, j’ai une barbe blanche. La  et la Heineken, c’est un petit peu différent, mais à la fin, c’est la même pression (rires) .Età Limoges, c’est aussi un public qui peut faire gagner des matches.

Irez-vous serrer la main du président Giannini ? Oui, je n’ai rien contre lui. Lui ne me parle plus depuis trois mois.

 ?? (Photo Luc Boutria) ?? Kyle Milling a été blessé d’entendre qu’il aurait lâché un club qu’il aime. Mais il a été touché par les applaudiss­ements du public après le dernier match contre... Limoges, son futur employeur. « C’était spontané », apprécie-t-il.
(Photo Luc Boutria) Kyle Milling a été blessé d’entendre qu’il aurait lâché un club qu’il aime. Mais il a été touché par les applaudiss­ements du public après le dernier match contre... Limoges, son futur employeur. « C’était spontané », apprécie-t-il.

Newspapers in French

Newspapers from France