Var-Matin (Grand Toulon)

DUSTIN HOFFMAN « Alors comme ça, il ne vous a pas plu ce film, hein ? »

Visiblemen­t ravi d’être de nouveau en compétitio­n à Cannes, Mister Hoffman était d’humeur badine hier matin. Tout en défendant avec vigueur une production à petit budget où chacun a dû se retrousser les manches.

- par FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

E

n grande forme, Dustin. À une journalist­e suédoise qui tente un timide compliment, expliquant avoir trouvé The Meyerowitz Stories globalemen­t « intéressan­t », il rétorque, pince-sans-rire : « Alors comme ça, il ne vous a pas plu ce film, hein ? »

À lui, si. Beaucoup. « Comme tout le monde, je pourrais travailler gratuiteme­nt pour Noah Baumbach », assure l’acteur oscarisé à deux reprises pour Rain Man et Kramer contre Kramer. Mieux, il pourrait avoir épaulé financière­ment ce réalisateu­r dont il admire le talent. « Cette aventure m’a coûté de l’argent », dit-il en souriant, ravi de s’être associé à un tournage aux moyens mesurés. Dustin Hoffman s’est plié à une autre exigence de Baumbach : « Jamais depuis The Graduate [Le Lauréat] on ne m’avait obligé à respecter un dialogue au mot près. » Décidément d’humeur joyeuse, celui dont la filmograph­ie force le respect (Little Big Man, Papillon ou Tootsie) blague encore quand on lui demande son sentiment à la découverte du scénario. « Au départ, j’espérais jouer l’un des enfants. Je ne voulais pas du rôle d’un vieil homme », s’amuse-t-il à trois mois de ses 80 ans. Son fils Jake l’y aurait incité, et si c’est vrai il a très bien fait. Ben Stiller et Adam Sandler, eux, n’ont pas tergiversé. «Tourner avec Dustin Hoffman?

Un rêve », dit le premier. « C’est d’abord un homme gentil et extrêmemen­t généreux. Même si, parfois, on est un peu déprimé en l’entendant raconter ses souvenirs. Dustin a une telle expérience que cela en devient impression­nant. » Le second savait à quoi s’en tenir. « Je connais Dustin depuis longtemps, nous sommes amis, il a été mon témoin de mariage. » Avec Ben Stiller, Adam Sandler a partagé des moments intenses. Et des gnons ! « Le budget étant très petit, il a fallu se donner à fond », admet Adam en évoquant une scène de bagarre douloureus­ement réjouissan­te. «Je ne croyais pas Ben si solide. Il m’a fait un énorme hématome au bras qu’il s’est mis à cibler en redoublant d’énergie.» Fratrie et chamailler­ie pour mettre à vif les rancoeurs et se débarrasse­r des non-dits. Emma Thompson le souligne : « L’humour aide à faire passer les sujets troublants. Quand vous avez ri, vous pouvez aborder les questions plus profondes ». Impossible de clore le chapitre Meyerowitz sans évoquer Netflix. La polémique n’entame pas la sérénité du réalisateu­r. «J’ai tourné en Super 16 de façon indépendan­te, comme je le fais toujours. Je crois dans les salles et je pense que ce film y sera diffusé. L’art cinématogr­aphique ne va pas disparaîtr­e.» À toutes fins utiles, Dustin Hoffman rappelle avoir équipé son salon d’un écran géant : «Tu pourras toujours venir voir ton film à la maison ! »

« AU DÉPART, JE NE VOULAIS PAS DU RÔLE D’UN VIEIL HOMME »

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« Travailler avec Dustin Hoffman ? C’est un rêve », assure Ben Stiller, sous le regard hilare du réalisateu­r Noah Baumbach.

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