DUSTIN HOFFMAN « Alors comme ça, il ne vous a pas plu ce film, hein ? »
Visiblement ravi d’être de nouveau en compétition à Cannes, Mister Hoffman était d’humeur badine hier matin. Tout en défendant avec vigueur une production à petit budget où chacun a dû se retrousser les manches.
E
n grande forme, Dustin. À une journaliste suédoise qui tente un timide compliment, expliquant avoir trouvé The Meyerowitz Stories globalement « intéressant », il rétorque, pince-sans-rire : « Alors comme ça, il ne vous a pas plu ce film, hein ? »
À lui, si. Beaucoup. « Comme tout le monde, je pourrais travailler gratuitement pour Noah Baumbach », assure l’acteur oscarisé à deux reprises pour Rain Man et Kramer contre Kramer. Mieux, il pourrait avoir épaulé financièrement ce réalisateur dont il admire le talent. « Cette aventure m’a coûté de l’argent », dit-il en souriant, ravi de s’être associé à un tournage aux moyens mesurés. Dustin Hoffman s’est plié à une autre exigence de Baumbach : « Jamais depuis The Graduate [Le Lauréat] on ne m’avait obligé à respecter un dialogue au mot près. » Décidément d’humeur joyeuse, celui dont la filmographie force le respect (Little Big Man, Papillon ou Tootsie) blague encore quand on lui demande son sentiment à la découverte du scénario. « Au départ, j’espérais jouer l’un des enfants. Je ne voulais pas du rôle d’un vieil homme », s’amuse-t-il à trois mois de ses 80 ans. Son fils Jake l’y aurait incité, et si c’est vrai il a très bien fait. Ben Stiller et Adam Sandler, eux, n’ont pas tergiversé. «Tourner avec Dustin Hoffman?
Un rêve », dit le premier. « C’est d’abord un homme gentil et extrêmement généreux. Même si, parfois, on est un peu déprimé en l’entendant raconter ses souvenirs. Dustin a une telle expérience que cela en devient impressionnant. » Le second savait à quoi s’en tenir. « Je connais Dustin depuis longtemps, nous sommes amis, il a été mon témoin de mariage. » Avec Ben Stiller, Adam Sandler a partagé des moments intenses. Et des gnons ! « Le budget étant très petit, il a fallu se donner à fond », admet Adam en évoquant une scène de bagarre douloureusement réjouissante. «Je ne croyais pas Ben si solide. Il m’a fait un énorme hématome au bras qu’il s’est mis à cibler en redoublant d’énergie.» Fratrie et chamaillerie pour mettre à vif les rancoeurs et se débarrasser des non-dits. Emma Thompson le souligne : « L’humour aide à faire passer les sujets troublants. Quand vous avez ri, vous pouvez aborder les questions plus profondes ». Impossible de clore le chapitre Meyerowitz sans évoquer Netflix. La polémique n’entame pas la sérénité du réalisateur. «J’ai tourné en Super 16 de façon indépendante, comme je le fais toujours. Je crois dans les salles et je pense que ce film y sera diffusé. L’art cinématographique ne va pas disparaître.» À toutes fins utiles, Dustin Hoffman rappelle avoir équipé son salon d’un écran géant : «Tu pourras toujours venir voir ton film à la maison ! »
« AU DÉPART, JE NE VOULAIS PAS DU RÔLE D’UN VIEIL HOMME »