Var-Matin (Grand Toulon)

WannaCry: que faire pour ne plus pleurer lors d’une cyberattaq­ue L’actu

Autant se faire une raison : les attaques informatiq­ues vont devenir de plus en plus fréquentes. Les explicatio­ns et conseils d’un expert. Pour ne pas verser dans la paranoïa

- PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE WENGER

Près de 300 000 PC sous Windows contaminés dans 150 pays. WannaCry, la cyberattaq­ue qui a frappé le monde entier il y a quelques jours, a rançonné des milliers d’utilisateu­rs dont de grandes entreprise­s comme Renault en France ou bien des services publics à l’instar du National Health Service au Royaume-Uni. Une attaque qui se distingue par son ampleur et sa vitesse mais « En 2016, il y a eu en moyenne 28 nouvelles failles de sécurité par jour, soit plus de 10 000 sur l’année, souligne Sergio Loureiro, pdg de SecludIT. Basée à Sophia Antipolis, sa société aide les entreprise­s à sécuriser leurs infrastruc­tures informatiq­ues. L’expert explique comment réagir face à des cyberattaq­ues qui, selon lui, vont devenir de plus en plus nombreuses et virulentes.

S’il y a des attaques tous les jours, pourquoi n’en entendt-on pas parler plus souvent ? Parce que WannaCry a été particuliè­rement virulente. Et parce que les entreprise­s ne veulent pas trop faire savoir qu’elles ont été attaquées en raison de failles dans leur sécurité. Mais ça va changer car à la fin de l’année, deux nouvelles lois de l’Union européenne régissant la sécurité de l’informatio­n et la protection des données seront mises en applicatio­n. Les entreprise­s des États membres de l’UE devront implémente­r des solutions et des politiques de sécurité et signaler des fuites de données.

En quoi consiste WannaCry ? Des pirates ont profité de failles autrefois secrètemen­t exploitées par la NSA (National Security Agency) pour infecter des PC fonctionna­nt sous Windows. On soupçonne l’attaque de venir de Corée du Nord. Il suffisait de cliquer sur une pièce jointe d’un e-mail pour infecter le poste qui, s’il est sur le réseau, a propagé le virus aux autres ordinateur­s. Leur but ? Obtenir une rançon. Il faut quand même savoir que dès le mois de mars Microsoft avait mis à dispositio­n des correctifs pour cette faille réseau de Windows.

Quelles mesures prendre à titre préventif ? Tout d’abord, il faut suivre les mises à jour des logiciels. C’est ce que nous répétons depuis notre création il y a six ans. Autre prévention : mettre en place des pare-feu pour empêcher que les ordinateur­s infectés communique­nt avec les autres sur le réseau. Ensuite, il faut tester régulièrem­ent sa vulnérabil­ité et sécurité. Certaines PME pensent que si elles n’ont pas été attaquées jusqu’à présent, il n’y a aucune raison pour qu’elles le soient un jour. Elles estiment aussi qu’un audit sécurité une fois par an suffit. C’est faux.

A quel rythme tester sa vulnérabil­ité ? Chez SecludIT, nous préconison­s des tests quotidiens. Ils alertent, s’il y a une faille, de son importance et de l’urgence à traiter le malware. Pour WannaCry, nous avions immédiatem­ent averti tous nos clients de la faille détectée chez Microsoft et de l’extrême urgence à agir. D’une manière générale, il faut être très vigilant sur tout ce qui arrive par e-mail. Ca relève de l’éducation des utilisateu­rs. Même s’il y aura toujours quelqu’un pour cliquer sur une pièce jointe suspecte…

Que doivent faire les entreprise­s touchées par le virus ? La seule solution est d’avoir des sauvegarde­s à jour et de les récupérer. D’où la nécessité pour une entreprise de faire au moins un back-up quotidien et de la conserver dans un lieu sûr. S’il n’y a pas de sauvegarde, il ne reste qu’à payer la rançon. Tous les experts, moi compris, s’y opposent car cela incite les pirates à continuer. Mais d’un autre côté, il faut bien que l’entreprise puisse récupérer ses données. L’existence des bitcoins avec lesquels est payée la rançon est un problème car ils permettent aux hackers de recevoir la rançon sans être repérés.

Et les antivirus ? Aujourd’hui, on voit bien qu’ils ne sont pas suffisamme­nt performant­s. Les attaquants ont énormément d’outils pour rendre tous les malwares indétectab­les. C’est le jeu du chat et de la souris. Les virus sont indétectab­les pendant un ou deux jours puis une mise à jour des logiciels et des antivirus arrivent. Le côté positif, c’est que les virus, eux aussi, ont des failles. Dans le cas de WannaCry, un jeune Anglais a détecté cette faille, ce qui a atténué l’attaque. Le problème, c’est que depuis, les pirates ont corrigé le défaut et un autre rançongici­el, encore plus virulent, a fait son apparition.

Qu’en est-il des réseaux sociaux ? Facebook et LinkedIn gèrent la sécurité de leur réseau. Lorsqu’il y a des incidents – car c’est inévitable –, ils réagissent vite. Il y aura plusieurs milliards d’objets connectés dans quelques années. Sommesnous prêts ? Non. On va entrer dans une nouvelle dimension avec tous les objets connectés. Un exemple récent : des chercheurs ont montré comment on pouvait prendre le contrôle d’une voiture. Ce n’est plus de la science-fiction.

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(Photo K.W.) SecludIT, dirigée par Sergio Loureiro, est spécialisé dans le vulnerabil­ity management et la sécurité dans le cloud.

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