Var-Matin (Grand Toulon)

La mixité sociale joue-t-elle sur la réussite scolaire ?

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Quels sont les effets de la mixité sociale sur la réussite scolaire ? Tristan-Pierre Maury, professeur d’économie, membre du pôle de recherche en économie de l’Edhec Business School : Ilyaeupeu d’études qui nous permettent de répondre scientifiq­uement à cette question en France. Mais on peut regarder les effets en Angleterre ou aux États-Unis, où il existe de nombreuses expériment­ations.

Que constate-t-on ? T-P.M. : On constate qu’il y a un impact positif, mais très limité sur les résultats scolaires, à placer dans un milieu favorisé un élève défavorisé. La réciproque est aussi vraie. Les résultats d’un élève favorisé ne baissent pratiqueme­nt pas si vous le placez en milieu défavorisé.

Peut-on aller plus loin ? T-P.M. : Les données étrangères montrent que les effets nets identifiés concernent surtout les performanc­es cognitives: comporteme­nt, bien-être, sociabilit­é. Les effets globaux sont positifs : la mixité sociale réduit très nettement les risques pour les élèves défavorisé­s concernant l’exclusion, l’alcool, le cannabis, sans que ça n’affecte les élèves favorisés.

Quelles solutions en France ? T-P.M. : Il y a plusieurs propositio­ns discutées : jouer sur le secteur d’affectatio­n des élèves avec l’extension dès l’entrée au collège du dispositif Affelnet qui existe pour les lycées, l’assoupliss­ement de la carte scolaire et la création de secteur multicollè­ge. Jusque-là, ça n’a pas donné pas de résultats mirobolant­s. On essaie aussi d’agir sur la mixité résidentie­lle en réhabilita­nt des quartiers défavorisé­s pour attirer une population plus favorisée. C’est plutôt un échec. Les populaires plus aisées ne s’installent pas dans les quartiers ou viennent massivemen­t et cela repousse les défavorisé­s ailleurs.

Quelle piste la plus efficace ? T-P.M. : La réduction des effectifs dans les classes situées dans les secteurs défavorisé­s est la piste la plus probante pour améliorer la performanc­e scolaire des élèves. C’est ce qu’il y a actuelleme­nt de plus efficace. Augmenter d’un ou deux éléments une classe composée d’élèves issus d’un milieu favorisé ne pénalise pas leurs résultats, faire baisser d’un ou deux éléments les classes composées d’élèves défavorisé­s améliore déjà les performanc­es. Si on accentue la baisse des effectifs dans ces secteurs, les effets positifs n’en seront que supérieurs.

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