L’opération «toutes en burkini» se solde par interpellations
Le milliardaire qui avait lancé l’appel « toutes en burkini » avait annulé la manifestation, mais maintenu la «baignade». Un important dispositif d’ordre l’attendait hier
Elles n’auront même pas eu le temps d’enfiler leur burkini. Neuf jeunes femmes qui, hier, ont répondu à l’appel de Rachid Nekkaz ont été interpellées en début d’après-midi sur la Croisette, à Cannes. Le milliardaire algérien, qui n’en est pas à son premier coup d’éclat, avait initialement annoncé son intention d’organiser une manifestation à Cannes ce vendredi 26 mai. «Pour célébrer l’arrêt du conseil d’État qui, il y a neuf mois jour pour jour, a cassé les interdictions de se baigner en burkini prononcées par plusieurs élus de la région . » La première cité balnéaire à avoir tenté d’interdire le burkini avait été Cannes. C’est donc « logiquement » dans cette ville que Rachid Nekkaz entendait rendre hommage, à sa manière, à cette décision de la plus haute autorité administrative française. C’était sans compter sur la détermination des pouvoirs publics.
Pas de manif, mais baignade en famille
Sans vouloir pointer du doigt, en particulier, l’opération « toutes en burkini sur les plages du Festival de Cannes », le préfet des Alpes-Maritimes, Georges-François Leclerc, avait rappelé en début de semaine que, pour des raisons de sécurité, aucune manifestation n’était autorisée sur la Croisette durant le festival. La restriction, initialement limitée aux abords du palais, avait même été étendue, mercredi, à l’ensemble du front de mer cannois. Qu’à cela ne tienne, Rachid Nekkaz avait annoncé qu’il annulait sa manifestation… Mais qu’il avait néanmoins l’intention d’aller se baigner en famille à Cannes ce vendredi. C’est dans ce but que plusieurs nièces et cousines ont fait le déplacement depuis Paris en train. À l’arrivée, un important dispositif de maintien de l’ordre les attendait sur la Croisette.
Trois heures d’audition
La préfecture n’entendait manifestement pas céder dans cette partie de bras de fer qui l’opposait depuis plusieurs jours au milliardaire algérien. Elle le lui a d’ailleurs rappelé directement dès le matin. Vers 10 heures, hier, Rachid Nekkaz s’est vu signifier l’interdiction de tout rassemblement à Cannes. Directement par la police. « J’ai été contrôlé à trois reprises par la police », déplorait l’intéressait qui se trouvait d’ailleurs au commissariat de Cannes lorsqu’une dizaine de femmes, pour certaines voilées, ont finalement fait leur apparition, vers 15 heures, au niveau de l’hôtel Martinez. Elles ont été immédiatement contrôlées. Leurs valises contenaient des burkinis encore sous cellophane. Motif suffisant pour procéder à leur arrestation. Du moins temporaire. Les neuf candidates à cette baignade interdite ont été auditionnées au commissariat avant d’être remises en liberté peu après 17 heures.
« Je défends autant le bikini que le burkini »
Pendant ce temps, Rachid Nekkaz, dénonçait le caractère, pour lui « arbitraire » de ces interpellations. « Elles n’étaient même pas en burkini ! Ce sont des membres de ma famille et elles ont été arrêtées alors qu’elles étaient simplement en train de m’attendre pour que l’on déjeune ensemble. En fait la France c’est la Birmanie, c’est l’Algérie », a-t-il dénoncé allant jusqu’à affirmer qu’il y avait des « relents vichystes à Cannes ». Pure provocation ? Ou triste coup de pub? L’homme s’en défend et affirme être tout à la fois légaliste, républicain et défenseurs des droits des femmes : « Je suis pour la liberté. Je défends autant celle de porter un bikini que de porter un burkini. Pour moi, c’est la même chose. »