Var-Matin (Grand Toulon)

Il capturait des oiseaux protégés, Porte d’Italie

Bien qu’ils soient protégés, des chardonner­ets – au chant exceptionn­el – étaient en captivité dans les mains d’un Toulonnais. Il a été arrêté en essayant d’en attraper d’autres, en centre-ville

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Son plumage chatoyant n’a d’égal que son chant mélodieux. Le chardonner­et élégant est un petit oiseau dont la beauté et le talent de chanteur l’exposent aux trafics, sur un marché noir que les spécialist­es jugent en recrudesce­nce. Mercredi, c’est en plein centrevill­e de Toulon que les policiers, municipaux, puis nationaux, ont découvert l’existence de ce petit oiseau, dont l’espèce est protégée. Et ont eu l’occasion d’en saisir deux, qu’un homme domicilié à Toulon possédait en toute illégalité. À la demande du parquet, les policiers ont même procédé à leur «remise en liberté». Ils ont ouvert la cage aux chardonner­ets.

Un appât, près de la Porte d’Italie

Tout commence avec l’alerte des policiers municipaux de Toulon, intrigués par l’attitude d’un homme, en contrebas des remparts de la Porte-d’Italie. Accroupi, celui-ci tient une corde reliée à un encadremen­t en bois, garni d’un filet de pêche. Un petit oiseau est attaché par le cou à une cordelette. Cet oiseau n’est autre qu’un chardonner­et, utilisé ici comme appât pour attirer d’autres oiseaux, chanteurs comme lui. L’histoire ne dit pas si l’oiseau entravé chantait.

Poursuite judiciaire

La police nationale prend la suite de l’enquête et mène une perquisiti­on à son domicile toulonnais. Chez ce Tunisien de 35 ans, peintre de métier, un deuxième chardonner­et est découvert. Placé en garde à vue, l’homme explique qu’il voulait capturer un nouvel oiseau pour sa fille. Aucun indice n’a permis d’établir qu’il avait l’intention d’en vendre sous le manteau. Au commissari­at central, c’est bien la première fois qu’on doit s’intéresser à de vrais oiseaux, de plumes et de becs. Les policiers de la brigade du quart ont finalisé l’enquête qui débouche sur des poursuites pour « détention d’espèce animale protégée, tentative d’enlèvement [de cette même espèce] et mauvais traitement infligé sans nécessité à un animal captif ». L’homme écopera d’une forte amende et une compositio­n pénale, relate une source policière.

« Trafic diffus mais sans précédent »

« Des pièges sont tendus un peu partout, même en pleine ville comme à Marseille », observe dans un rapport l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Ce trafic de chardonner­ets est qualifié « de diffus, mais sans précédent », pour une espèce sauvage en déclin. Dans le Var en 2016, plus de quatre cents oiseaux, toutes espèces confondues ont été saisis. Le trafic est puni jusqu’à un an de prison et 15 000 euros d’amende. À Toulon, les deux chardonner­ets ont été relâchés et pourront se remettre à chanter. Librement.

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(Photo DR) Les deux oiseaux récupérés mercredi à Toulon.

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