Var-Matin (Grand Toulon)

Mécontent de son repas en garde à vue, il s’emporte

Malgré la livraison d’un plateau hallal comme il l’avait demandé, un individu a porté des coups de pied à trois policiers du commissari­at de Toulon. Condamné à un an de prison, il a été écroué

- P. POLETTO

« J ’avais demandé un repas hallal. Et quand le plateau est arrivé je me suis énervé. - Mais c’était hallal Monsieur ! C’était des pâtes aux champignon­s. C’est bon les champignon­s. - Je sais. J’aime bien les champignon­s. ». L’échange entre Mme Reboul, présidente de la chambre des comparutio­ns immédiates du tribunal correction­nel, et un prévenu aurait presque prêté à sourire ce mercredi. Ou à faire grincer des dents à la lecture des faits… Pour un simple plateau-repas conforme à sa requête, Nadad S., un ressortiss­ant bosniaque âgé de 29 ans, s’en est violemment pris aux policiers du commissari­at de Toulon au cours de sa garde à vue.

Insultes au menu

À la réception de son fameux menu pâtes accompagné­es de champignon­s, l’homme va servir au gardien de la paix un lot d’insultes : « Fils de p… Je vous en… » Entre autres. L’individu donne alors des coups dans les geôles, à tel point que, pour des mesures de sécurité, les policiers doivent intervenir pour lui ôter ses chaussures. Là encore, la tension monte d’un cran. L’homme passableme­nt nerveux refuse. Il faudra le maîtriser pour qu’il obtempère. Non sans mal, puisqu’il porte des coups de pied à trois policiers. Présenté devant les magistrats mercredi, le mis en cause a dû répondre de violences et outrages à personnes dépositair­es de l’autorité publique. Lors de l’audience, Nedad S. a affiché une autre personnali­té. Plus calme. Courtois. S’offusquant même de son propre comporteme­nt.

« À un moment donné, ça suffit ! »

Interrogé par la présidente sur ces agissement­s, il admet avoir proféré des insultes. Les violences aussi, tout en tentant de les justifier. « Ils m’ont mis à terre.» Pour l’avocate des parties civiles, les choses ont dégénéré « pour des broutilles. Pour un plat de pâtes et pour un refus d’enlever des chaussures! Les fonctionna­ires étaient là pour lui: pour le nourrir et pour assurer sa sécurité. C’est inadmissib­le. » Lors de ses réquisitio­ns, Bernard Marchal, procureur de la République, a requis un an de prison ferme à l’encontre du prévenu dont le casier judiciaire est déjà noirci de trois condamnati­ons (vols par ruse, conduite sans permis, ni assurance). « À un moment donné, ça suffit, déclare-t-il. Parce que celui-ci ne sait pas reconnaîtr­e un plat de pâtes, on en arrive à des violences commises sur des fonctionna­ires de police. » Et de relever que, lors de son interpella­tion sur la voie publique à Toulon – en amont des faits jugés cette semaine –, le mis en cause était en possession d’un marteau devant le domicile d’un individu avec lequel il semble avoir un contentieu­x.

Six mois de prison ferme à purger

En défense, Me Pascal Oudot a fait état «d’une situation déplorable », de la situation personnell­e du prévenu (un sans domicile fixe), exhortant le tribunal à éviter la case prison. La facture judiciaire a été présentée à Nedad S. soit un an de prison, dont six mois avec sursis mise à l’épreuve. Il devra indemniser les parties civiles.

 ?? (Photo d’illustrati­on P. P.) ?? Interpellé en possession d’un marteau sur la voie publique, dimanche à Toulon, le mis en cause a insulté et fait subir des violences aux policiers lors de sa garde à vue au commissari­at. Il a été jugé devant le tribunal correction­nel.
(Photo d’illustrati­on P. P.) Interpellé en possession d’un marteau sur la voie publique, dimanche à Toulon, le mis en cause a insulté et fait subir des violences aux policiers lors de sa garde à vue au commissari­at. Il a été jugé devant le tribunal correction­nel.

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