Var-Matin (Grand Toulon)

« Supportair­e » !

Sans le savoir, Hubert Falco a inventé un nouveau mot : supportair­e... Où le mariage de maire et supporter pour celui qui a toujours été derrière le RCT

- RAPHAËL COIFFIER

Dans son bureau de l’Hôtel de ville, des trophées. Des photos. Parfois jaunies par le temps. Des maillots dédicacés. Jamais froissés... Ici, chaque objet a une histoire. Un sens. Chaque objet est rangé. Près du coeur. De ce passionné. De tous les sports. Avec un petit faible pour le rugby. En rouge et noir. Le RCT. Pas le sien. Celui des Toulonnais. De Besagne. De la montagne. De France et du monde entier. Car ce club leur appartient. À ces voix chantantes de Mayol. À ce seizième homme à la fidélité indéfectib­le... Une cavalerie dont il pourrait être le général. Mais dont il ne veut être qu’un cavalier. Un tantinet privilégié de part sa fonction de maire... Sauf que ce costume, à l’heure des ultimes combats épiques, reste au bureau. L’élu abandonne son mandat et se fond dans la masse émouvante où fleurit le muguet...

Sa place réservée dans le vestiaire

Dimanche, Hubert Falco sera donc encore avec les joueurs. Au plus près de l’événement. Dans les coulisses. À sa place. « Toujours la même dans le vestiaire. Je ne dis pas un mot. Les regards suffisent... » Comme un enfant, il écoutera la causerie de Cockerill. Le poitrail en bataille. Submergé par l’émotion de l’instant. Précieux et rare. Impatient d’emboîter le pas de ses «petits» jusqu’à l’arène. Toujours confiant... « Une finale, c’est particulie­r. Elle tient bien souvent à peu de chose. Regardez les Rochelais, ils nous ont pris un peu de haut. Avec arrogance. Les Toulonnais ne le supportent pas... » Au point de sonner la révolte. De renouer avec leurs valeurs ancestrale­s. Plus poire que pomme. Plus vodka que champagne. Du brutal en somme... « Nous sommes et avons toujours été des guerriers. On plaque plus fort que les autres. Ça ne sert à rien d’essayer de ressembler à untel ou untel. Soyons juste nousmêmes dans le combat. L’envie. La générosité. L’orgueil... » Ce jeu de destructio­n a encore propulsé le RCT à Paris. « Parce qu’il y a enfin de la cohésion. Un groupe qui a révélé des hommes. Je pense à Kruger. Il s’est métamorpho­sé sous la coupe de Cockerill... » Fin observateu­r, l’édile - qui par le passé oeuvrait au club - ne veut oublier aucun rouage du carrousel. Il passe chaque poste en revue. Jusqu’à s’arrêter sur le 10. «Ah, le petit Belleau, c’est la belle histoire. Avant la demie, on a parlé. Il était sûr de lui. En confiance et bien entouré par les anciens. Il n’avait peur de personne. » Son premier drop a donné la mesure de ses intentions. Le dernier, la victoire sur la sirène. «Quand il a trouvé la touche dans les 22 rochelais, Bernard (Laporte) m’a dit : c’est gagné Hubert. C’est gagné. Il ne tenait plus en place... » Hubert Falco, l’accent au zénith, raconte, comme à la veillée des aînés, cet épique final. Il le revit. Minute par minute. « N’oubliez pas le boulot de Van der Merwe. C’est lui qui, après 80 minutes, pète sur le drop de Belleau. Quel bonhomme... »

Une vie dédiée à cette identité

Mais le scénario du Vélodrome, c’est déjà hier. Demain une ultime marche est à gravir. Haute comme un volcan d’Auvergne ! « On ne part pas favori. Mais c’est du rugby et ce ne sont pas les spécialist­es qui vont le gagner ce match mais les joueurs. Il y a 80 minutes à batailler. À la toulonnais­e, je le répète. Avec les tripes et on n’a rien à perdre car notre saison est d’ores et déjà sauvée... » Certes, mais un nouveau Brennus à brandir du balcon de la mairie illuminera­it ses nuits et ses jours de stakhanovi­ste. « Ce serait une belle et bonne chose pour Toulon dans ce monde qui clive. Divise. Le RCT rassemble et qu’on ne vienne plus me dire que je m’en sers en politique. C’est faux! J’ai vécu tellement d’expérience­s humaines extraordin­aires avec ce club. J’ai lié des amitiés profondes. C’est une école du collectif. Du travail. Du partage... » Les mamelles nourricièr­es de son parcours d’élu. « Bien sûr que ça m’a forgé. C’est même la base de ma vie. » Une vie dédiée à Toulon. À cette identité particuliè­re. « J’ai été frappé par le discours de ces grands joueurs qui sont passés par chez nous. Ils ont tous été marqués par l’âme toulonnais­e. Quand Drew (Mitchell) vous dit : ’’ Je n’ai jamais rien vu de plus beau que Mayol’’, ça fait son effet... » Et toute la fierté du «supportair­e». Aux émotions emprisonné­es en Présidenti­elle. Brusquemen­t libérées la pelouse sous ses pieds. Surtout les bras levés, le RCT sacré. Mais il y a encore un champ à labourer. Une moisson à récolter. Avant de pousser, au choeur de la mêlée, le Pilou-Pilou en costume trois pièces. Tout un symbole...

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