NOS TRÉSORS
Un ex-voto peint en , lors d’une procession exceptionnelle des pénitents blancs à Mougins, apporte de précieux renseignements sur cette commune et ses environs au XVIIIe siècle.
Un ex-voto, peint en 1755, longtemps disposé dans l’ancienne mairie de Mougins, est aujourd’hui visible dans le petit musée de la chapelle Notre-Dame-de-vie. Peint pour 6 livres par un sieur Vallentin resté méconnu, il représente une procession des pénitents blancs Saint-Michel-de-Grasse se rendant à ladite chapelle. Ces pénitents sont des laïcs, qui exécutent des rites religieux. C’est le caractère exceptionnel de cette procession, qui explique la réalisation de l’oeuvre. En effet, depuis 1683, le pèlerinage annuel des pénitents blancs grassois s’effectuait le lundi de Pentecôte depuis Grasse jusqu’à la chapelle mouginoise, et en même temps que les religieux. Mais le 19 mai 1775, à la faveur d’un voeu, dont la teneur a été oubliée, la confrérie décide, avec l’accord du vicaire de Mougins, d’ajouter à son calendrier cette procession immortalisée par ce tableau.
Pénurie de capes le jour de la procession
Il semble que le peintre ait pris des libertés avec les perspectives. Car, bien que longuement étudié par des spécialistes, c’est Eric Piozzoli, historien amateur, aujourd’hui gardien du musée, qui a réussi à déterminer quels monuments apparaissent sur le tableau. En bas, à gauche, on trouve la représentation du premier château de Mouans, ville limitrophe de Mougins. À droite, apparaît le même château dans sa configuration actuelle, celle qui date de sa reconstruction. Car le duc de Savoie, Charles-Emmanuel 1er en 1589, l’a fait détruire lors de la guerre franco-savoyarde (1580 - 1601), reprochant aux Mouansois d’être fidèles au roi de France Henri IV. Au-dessus, une bastide, appelée château de Currault, à Mougins, situé sur l’actuel Plan Saint-Martin s’affiche conforme à son architecture d’aujourd’hui, mais on remarque que les dépendances sont inversées, sans doute une erreur de l’artiste. Un peu plus haut, toujours à droite, on distingue l’aire à blé de Mougins avec la cabane à outils. Ils ont disparu depuis. Le déroulement minute par minute de cette procession est relaté dans des documents conservés aux archives départementales des Alpes-Maritimes. On y découvre par exemple, que les pénitents grassois avaient invité ceux de Mouans et de Mougins à se joindre à eux, mais ils furent si nombreux que les habits vinrent à manquer, les obligeant à emprunter des capes aux pénitents de Cannes.
Sources : - « Autour de Notre-Dame-de-vie », annales de la société scientifique et littéraire de Cannes et de l’arrondissement de Grasse. Remerciements à Eric Piozzoli, historien amateur.