Var-Matin (Grand Toulon)

« Sortir par le haut... »

Coup de tonnerre à Toulon/Saint-Cyr ! L’entraîneur Thierry Vincent ne sera pas conservé à l’issue de son contrat, qui arrive à échéance en juin 2018. L’homme est forcément affecté

- PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT WATTECAMPS

Ce devait être un entretien classique de fin de saison. L’occasion de faire le bilan, de passer en revue l’effectif et de s’attarder sur les recrues. Une interview sans retenue, la pression étant retombée après le dernier match de la saison. Pourtant, entre la poire et le fromage, Thierry Vincent a lâché une bombe : il ne sera plus le coach de Toulon/Saint-Cyr à l’issue de la saison prochaine, soit au terme de son contrat qui court jusqu’en juin 2018. Une décision de la présidence dont prend acte le manager, qui ne cache toutefois pas son étonnement.

Quel bilan global tirez-vous de la saison qui vient de se dérouler ? Les objectifs demandés en début de saison ont été atteints. Nous avons joué les play-offs et nous sommes allés en demi-finale de coupe de France. Il y a trois équipes qui sont au-dessus du lot en France (Metz, le champion, Brest et Issy-Paris, Ndlr). En coupe de France, nous avons réussi à être la quatrième, mais en championna­t cela a été Besançon. Alors, certes, il y a la déception d’avoir terminé huitième, mais les objectifs de départ étaient validés. C’est une fierté d’avoir tenu la barre malgré, une nouvelle fois, plusieurs joueuses blessées durant la saison.

Qu’a-t-il manqué pour terminer cinquième et, peut-être, décrocher un billet pour la coupe de l’EHF ? Ça s’est joué face à Chambray (victoire - à l’aller, défaite - au retour). Nous n’avons pas su imposer notre jeu face à une équipe qui aime contrôler le rythme. Nous n’avions pas assez d’ancrage dans notre jeu collectif pour les battre. Comment l’expliquer, à ce moment de la saison ? Nous n’avons jamais eu, ou trop peu, l’effectif à  % de ses capacités. Jessy (Kramer) aété absente deux mois, “Olli” (Olivera Jurisic) trois mois et n’est revenue qu’à  %, Hanna (Fogelström) s’est encore pété le genou, Alex (Alexandra Bettacchin­i) aussi. Et Sanne (van Olphen) a payé, je pense, ses efforts en équipe nationale des Pays-Bas. En tout, cinq joueuses cadres n’ont joué qu’entre un et deux tiers de la saison. Et malgré tout, on se qualifie pour les playoffs. Cela prouve la richesse du club. Mais apparemmen­t, ça ne suffit pas…

C’est-à-dire ? J’ai eu un entretien avec les présidente­s (Perrine Paul et Jeanne-Marie de Torres), qui m’ont averti que mon contrat ne sera pas renouvelé à l’issue de la saison prochaine. Même si nous sommes dans le monde profession­nel, c’est difficile à accepter car les raisons ne sont pas claires.

Quels ont été leurs arguments ? Le manque de résultats sportifs. C’est paradoxal car l’objectif, lors des dernières saisons, ainsi que pour celle qui vient de se terminer, était de structurer le club, au détriment du sportif ! Nos résultats moyens étaient acceptés et partagés, car la politique était de développer l’extrasport­if. Nous n’avons jamais réalisé de folie au niveau du recrutemen­t car l’essentiel des

ressources était affecté à la structurat­ion.

On vous sent touché… Cette décision m’affecte, je l’avoue. J’ai l’impression d’avoir travaillé ardemment à la constructi­on d’une maison, des fondations à la charpente, et que quelqu’un d’autre va y habiter. Mais le temps valide tout… Est-ce que je paye le fait d’avoir accepté de réduire la voilure du sportif pour le bien de la structurat­ion du club ? Je ne sais pas…

Cela vous met dans une situation particuliè­re pour la saison à venir, non ? Il faut savoir rester profession­nel. On va chercher à avoir les meilleurs résultats possibles. Je vais faire mon boulot comme d’habitude, sans tricher, et je vais essayer de sortir par le haut. Le groupe sera quasiment identique, voire plus costaud avec les renforts d’Ewa (Andrzejews­ka) et de Sabrina (Zazai), et les objectifs seront les mêmes: les play-offs.

Les présidente­s ont pointé le manque de leader dans votre groupe… Certaines pourraient l’être ou le devenir, mais il y a à chaque fois un frein. Je pense à Laurène Catani. Elle a les qualités pour, mais quand elle doute, elle n’y est plus du tout. Katia Vetkova peut l’être aussi, mais il y a la barrière de la langue. De toute façon, on ne se détermine pas leader, on l’est naturellem­ent.

Nous n’avons jamais eu notre groupe à  %”

Le temps valide tout”

 ?? (Photos Luc Boutria, Valérie Le Parc et MaxPPP) ?? Thierry Vincent quittera Toulon/Saint-Cyr à l’issue de sa neuvième saison au club. À son corps défendant.
(Photos Luc Boutria, Valérie Le Parc et MaxPPP) Thierry Vincent quittera Toulon/Saint-Cyr à l’issue de sa neuvième saison au club. À son corps défendant.

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