Chasse gardée
À peine nommée, la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre hommes et femmes a donc décidé de s’attaquer aux djihadistes de la bagatelle. Désormais, un harceleur de rue qui demande l’heure à une passante alors qu’il a une montre au poignet sera aussi sévèrement sanctionné qu’un pickpocket ayant dérobé une demidouzaine de bracelets. Le quémandeur de feu voire d’une cigarette encourra toutes les peines prévues pour le trafic de drogue. Le malappris demandant à une promeneuse quinquagénaire si elle habite encore chez ses parents sera poursuivi pour détournement de majeur. Outre les soi-disant enquêteurs d’instituts de sondage et les représentants d’associations pour la protection de la jeune fille, on punira le dragueur de minois qui engage la conversation en demandant son chemin à une personne généralement d’origine étrangère et alors qu’il vit dans le quartier depuis sa naissance. À peine inaugurées, les nouvelles prisons seront remplies d’effrontés ayant rétorqué qu’ils ne visaient pas si haut aux demoiselles les ayant obligeamment prévenu que leur coeur n’était pas à prendre. Plus question d’offrir un petit café ou de proposer une séance de cinéma sans risquer les foudres de la justice. On apprécierait qu’on s’en prenne également aux dragueurs d’électeurs qui promettent de réparer en cinq ans toutes les erreurs commises depuis la
Révolution française.