Var-Matin (Grand Toulon)

Condamné pour avoir vendu des objets d’archéo

Huit mois avec sursis et 30000 d’amende pour Laurent, qui vendait depuis Tanneron sur un site de € bonnes affaires des objets d’intérêt archéologi­que à la provenance incertaine, parfois dignes d’un musée

- G. D.

Le tribunal correction­nel de Draguignan a condamné hier Laurent, 49 ans, à huit mois de prison avec sursis, 30 000 € d’amende et trois ans d’interdicti­on profession­nelle, pour la détention, l’importatio­n et la vente sur Internet d’objets d’intérêt archéologi­que et d’espèces animales protégées. Des activités que ce collection­neur, devenu profession­nel dans le cadre d’une micro-entreprise, exerçait dans sa maison de Tanneron de février 2013 à janvier 2017. Les douze mille objets saisis chez lui ont été confisqués.

  objets saisis

L’affaire est partie d’une plainte de la direction régionale des affaires culturelle­s (Drac), qui a constaté sur son site la mise en vente de diverses pièces, principale­ment des lampes à huile, provenant d’un site de fouilles archéologi­ques, dans un centre antique des Alpes-de-Haute-Provence, propriété de l’État, classée au titre des monuments historique­s. Une enquête a montré que Laurent vendait quantité d’objets d’intérêt archéologi­ques susceptibl­es de provenir de fouilles non autorisées (monnaies gauloises). Mais aussi des trophées d’espèces animales (crâne de singe et mâchoires de crocodile du Nil) protégées par la convention de Washington. Il y avait encore des bagues en or, ainsi qu’un triptyque en bronze, répertorié comme objet rare pouvant figurer dans un musée. Sur des soupçons de trafic d’objets archéologi­ques, une perquisiti­on a amené, en février 2016, la saisie de tous les objets suspects. Une seconde perquisiti­on en janvier dernier a montré que Laurent, en dépit de son contrôle judiciaire, poursuivai­t son activité. de nouvelles saisies ont été opérées, portant à douze mille le nombre d’objets mis sous sauvegarde.

Justificat­ifs absents

Pour justifier le fait qu’il n’avait pas été en mesure de produire les attestatio­ns de légalité, qu’il aurait dû exiger de la part des personnes auxquelles il avait acheté ces pièces, Laurent a expliqué qu’il se les était procurées auprès de profession­nels reconnus, en toute confiance. Insuffisan­t de la part d’un vendeur profession­nel, a estimé le tribunal. Tout comme l’absence d’un livre de police, d’un livre d’achats et de recettes, d’un registre de vente d’or et d’autorisati­ons douanières pour des objets du néolithiqu­e et du précolombi­en qu’il importait des États-Unis. Laurent n’a pas non plus pu présenter au tribunal les factures de ses acquisitio­ns, ce qui a conduit le procureur Michael Darras à remarquer : « En fait vous détenez 98 % d’objets sans justificat­ifs. »

Il fait appel

Impossible dès lors de prouver que les objets qu’il vendait n’étaient pas d’origine frauduleus­e. Pour le procureur, cela tenait plus de la mauvaise foi que de la négligence. Compte tenu du casier judiciaire vierge de Laurent, il a requis une peine de prison avec sursis, une forte amende et surtout une interdicti­on profession­nelle définitive dans la vente de ce type d’objets, et même cinq ans d’interdicti­on de toute activité commercial­e. En défense, Me Ludovic Serée de Roch a convenu que Laurent avait manqué de rigueur, notamment au plan comptable. Il a cependant

souligné que des milliers d’objets circulaien­t en France depuis des siècles, dont on était incapable de justifier la provenance. Pour lui, Laurent était en quelque sorte victime d’une « plainte de principe » déposée par la Drac, pour contrer le trafic internatio­nal. Selon lui, les affaires culturelle­s rapportaie­nt de manière trop imprécise la preuve de la provenance des objets litigieux, et l’enquête avait été insuffisan­te. Dans ces conditions, au moment du délibéré, il n’a surpris personne en annonçant qu’il fera appel de ce jugement.

 ?? (Photo DR) ?? En défense, Me Ludovic Serée de Roch (barreau de Toulouse) a jugé l’enquête insuffisan­te.
(Photo DR) En défense, Me Ludovic Serée de Roch (barreau de Toulouse) a jugé l’enquête insuffisan­te.

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