Var-Matin (Grand Toulon)

Philippe Vitel: «Je pensais que le travail paierait»

Mardi, le député sortant de la deuxième circonscri­ption était à Paris pour rapatrier ses affaires, dont ses interventi­ons et discours durant quinze ans, conservés avec soin

- LYLIAN CASIER

Philippe Vitel le concède volontiers : il a eu un mal fou à encaisser le choc de son éliminatio­n au premier tour des législativ­es. « Je ne m’y attendais absolument pas, lâche, amer, l’ancien candidat dans la deuxième circonscri­ption (1). Je pensais que le travail paierait. » Après trois mandats consécutif­s à l’Assemblée nationale, le Toulonnais (62 ans) a dû se résigner à faire ses cartons, en début de semaine. Le coeur lourd. « Je vous avoue avoir lâché une petite larme dans les bras de mon ami Éric Ciotti (député des AlpesMarit­imes, Ndlr) en partant. » Retour sur les quinze années passées par le « docteur » en séance et en commission, dans les travées du Palais-Bourbon.

Comment tire-t-on un trait sur trois mandats de député ? Je suis de nature positive. Je fais mon introspect­ion, je regarde ce que tout ce temps passé à Paris m’a apporté. J’ai eu la chance de vivre cette aventure. Je pense, par exemple, aux rencontres que j’ai faites. Notamment celle avec Nicolas Sarkozy, cet homme horsnorme avec qui j’ai travaillé quotidienn­ement au tout début, sur la prévention de la délinquanc­e. Je pense aussi à Jean-Louis Borloo et Thierry Breton, qui sont de grands messieurs.

Quel regard portez-vous sur la nouvelle députée de la deuxième, Cécile Muschotti (La République en marche) ? Elle a fait une campagne de critiques, ce que je me suis toujours refusé à faire. Sur son parcours ? Elle a été deux ans conseillèr­e municipale à La Seyne, un mois conseillèr­e d’opposition à La Garde, c’est tout… Je vais être très très attentif à tout ce qu’elle fait pour cette circonscri­ption. On fera le bilan dans cinq ans.

Quel a été votre plus beau combat à Paris ? Celui de la prise de conscience collective sur l’apport de la longévité des aînés dans le pays. Avec le maire de Toulon, Hubert Falco, que j’associe à ce succès, on a porté la voix de ces quinze millions de Français qui ont plus de  ans et qui méritent d’être représenté­s. J’ai aussi beaucoup oeuvré pour la Défense et me suis engagé en faveur de l’égalité homme-femme.

Et votre plus grosse déception ? Elle est collective. Je regrette que nous n’ayons pas pu, avec le gouverneme­nt de François Fillon, aller plus loin dans les réformes, à cause de la crise. On n’a pas pu s’engager sur tous les combats. La sauvegarde de l’emploi s’est faite au détriment de l’éducation et du régalien, mais on n’avait pas le choix. Nous avions pourtant un programme fantastiqu­e.

Qu’allez vous faire, désormais ? Je vais me concentrer à  % sur mon travail à la Région (il est viceprésid­ent du conseil régional, Ndlr). Il y a des choses extraordin­aires à faire. Deux sujets me tiennent à coeur. Adapter l’agricultur­e et l’économie au réchauffem­ent climatique, d’une part. C’est pour ça que je me suis approprié tout ce qui concerne l’eau et le milieu aquatique. C’est une priorité absolue. Mon deuxième combat concerne l’industrie navale et maritime. Tout ce qui peut aider à la création d’emplois et de richesse sur nos  kilomètres de côte m’intéresse.

La vie de député, c’est fini ? Je ne le souhaite pas. Croyez-moi, je n’abandonne pas l’idée de siéger de nouveau à l’Assemblée dès que l’occasion se présentera. Je suis comme Obélix avec sa potion, je suis tombé dedans quand j’étais tout petit. J’avais  ans lors du premier mandat de député de mon père… Et puis, je ne me considère pas comme un has-been, je ne suis pas vieux. J’ai suffisamme­nt bossé sur ces questions-là, lorsqu’Hubert Falco était ministre et secrétaire d’État aux personnes âgées, pour savoir que je n’ai pas fait mon temps !

Des rumeurs vous portent candidat à Ollioules à l’élection municipale de . C’est d’ailleurs là où vous avez réalisé votre meilleur score… Ollioules ? Non, je vous dis non. Honnêtemen­t, je n’ai pas envie de choisir entre la Région et une mairie. Aujourd’hui, ça ne me traverse pas l’esprit. Je suis plus enclin à retourner sur un mandat parlementa­ire !

Que vous inspire cette scission des Républicai­ns-UDI en deux groupes au Parlement, justement ? Je n’admets pas ce que font ces députés. Ils ont été élus sur un programme dimanche et la semaine d’après, ils se jettent dans les bras de celui (Emmanuel Macron, Ndlr) contre lequel ils se battaient. On n’est pas là pour faire une opposition systématiq­ue, mais une opposition vigilante. Parce que quand je vois le flou artistique sur la sécurité ou la Défense, où rien n’est concret, je suis effrayé. 1. Évenos, Ollioules, Solliès-Toucas, Solliès-Ville, Solliès-Pont, La Farlède, Toulon nord et ouest, La Valette, Le Revest.

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(Photo archives Dominique Leriche) «Je me suis totalement engagé dans mon boulot de parlementa­ire», a martelé l’ancien député de la deuxième circonscri­ption, battu lors des dernières élections.

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