«Il n’a pas tué pour le plaisir »
Pierre Morera président du comité des pêches du Var
Pourquoi les pêcheurs font-ils bloc derrière leur jeune collègue ? Entendons-nous bien : si ce pêcheur avait pêché à la grenade, je serai le premier à dire qu’il faut le sanctionner durement. Mais là, c’est loin d’être aussi grave. La profession soutient le propriétaire du navire et le soutiendra d’autant plus si des associations se portent partie civile.
Son geste n’était pas non plus anodin… Non. C’est une faute, et il le reconnaît. Mais lui faire risquer de tout perdre pour ça, c’est fou. On sait très bien que s’il se prend d’amende ou plus, il ne se relèvera pas. Pourquoi vouloir l’assassiner ? On fait un métier difficile. Remettons les choses dans leur contexte.
Quel était le contexte ? On parle là d’un jeune papa, d’un professionnel qui débute et qui pêchait mal depuis un moment. Avec ce marlin, il s’est fait emporter par son instinct de pêcheur. Il a cru pouvoir mettre un peu de beurre dans les épinards. Ce marlin, c’était un billet de qui nageait sous son nez. Il n’a pas tué ce poisson pour le plaisir, contrairement, par exemple, à ce que font des milliers de plaisanciers. Ou à ceux qui sortent des poissons sous taille tous les jours dans les ports et qu’on ne verbalise pas.
On vous sent remonté… Avec cette histoire, on jette le discrédit sur toute une profession. Un métier noble, dont l’essence est de nourrir les gens. Nous, on est des artisans pêcheurs, avec un rôle de sentinelle en mer. On pratique une pêche respectueuse, car c’est aussi notre gagnepain de préserver la ressource.