Stop à l’hypocrisie

Soyons clairs: ce qu’a fait ce professionnel de la pêche est mal. Voilà, c’est dit. Outre qu’il n’a laissé aucune chance à ce poisson majestueux en le harponnant depuis son bateau, il n’avait légalement pas le droit de l’attraper dans un port. Et la morale aurait aussi voulu qu’il évite une telle mise à mort devant un public où s’attendrissaient des âmes innocentes. D’où, pour dénoncer le geste, notre premier article paru le  juin dernier. Mérite-t-il pour autant d’être, depuis, insulté et menacé sur les réseaux sociaux? Mérite-t-il de se voir interdire de pratiquer sa passion, son métier, qui était aussi celui de ses aïeuls? Mérite-t-il une amende si salée qu’elle pourrait mettre sa famille en péril? Non, non et non. Et dans l’histoire, ce n’est pas le zèle d’associations environnementales, dont on préférerait là qu’elles soient plus promptes à attaquer les industriels qui vident nos océans plutôt que les derniers artisans de nos ports, qui y changera quelque chose. Faut-il rappeler que si le pêcheur avait pris le rostre dans ses filets  mètres plus loin, non seulement les «AffMar» n’y auraient pas trouvé à redire mais la foule des gourmets se serait ruée sur les étals pour un steak goûteux de cette espèce non protégée. Et oui, n’en déplaise aux émotifs, pour manger un marlin, un loup ou une dorade, il faudra toujours d’abord quelqu’un pour le tuer. S’acharner aujourd’hui sur un jeune qui a reconnu sa faute, tenter de l’intimider, vouloir l’empêcher de retrouver la mer, est plus sûrement hypocrite et scandaleux que le fait qu’un pêcheur ait tout simplement pêché un poisson, fusse-t-il majestueux.