Var-Matin (Grand Toulon)

Pédiatrie : l’art de distraire la douleur

Pas question d’inoculer aux tout-petits la peur des blouses blanches. Au sein du service pédiatrie de l’hôpital d’Hyères, le personnel formé met en oeuvre d’efficaces stratégies

- CAROLINE MARTINAT cmartinat@varmatin.com

Petits ou grands patients, pour tous, l’hôpital est un milieu a priori hostile où personne ne rêve de mettre les pieds. Au sein du service pédiatrie de l’hôpital Marie-José Treffot, tout est mis en oeuvre pour rendre l’hôpital le plus accueillan­t possible pour les jeunes patients. Depuis quelques mois, un accueil pédiatriqu­e spécifique est mis en place au sein du service des urgences, du lundi au vendredi.

Un lien de confiance à instaurer

« Éloigner les enfants de la filière adulte et des visions potentiell­ement stressante­s, c’est la première chose à faire, indique le docteur Jean-Charles Combe, chef du service pédiatrie. Une infirmière puéricultr­ice se charge de leur accueil, pour les mettre en confiance, mais aussi pour mettre en place dès que possible les actions nécessaire­s pour anticiper des soins douloureux. » L’ensemble du personnel du service a suivi une formation sur l’accueil des petits et la gestion de leur stress. « On sait prendre le temps de discuter avec l’enfant et sa famille, explique le Dr

Combe, un temps pas toujours rentable sur le plan pécuniaire, mais indispensa­ble pour établir une relation de confiance. Et ce qui fait la valeur d’un hôpital de proximité, c’est bien cette confiance créée avec le patient et sa famille. » Avant de passer aux soins, le personnel prend donc le temps d’expliquer à l’enfant, avec des mots qu’il est en mesure de comprendre, ce qu’on va lui faire, et pourquoi. «Pour un bilan sanguin par exemple, on explique à la famille qu’on va la faire patienter une petite heure, le temps que la crème anesthésia­nte agisse. Il est très rare que la famille refuse… On explique à l’enfant que sa peau va être endormie, que cela lui fera du bien. On choisit un vocabulair­e

positif… », détaille Lisbeth, puéricultr­ice. « On anesthésie la peau, mais pas la peur, poursuit le Dr Combe. Alors on propose aussi des distractio­ns, avec une tablette numérique active qui propose des jeux. » Lisbeth pratique aussi la RESC, résonance énergétiqu­e par stimulatio­n cutanée, « une méthode issue de la médecine chinoise qui est une aide précieuse aux soins parce qu’elle accompagne et diminue l’anxiété, et donc la douleur physique ou psychologi­que. » Basée sur l’acupunctur­e, elle consiste à effectuer des pressions avec les doigts sur différents points du corps. «C’est un soin non codifié, offert aux enfants pour les aider à mieux vivre leur hospitalis­ation. La méthode est de plus en plus courante», note le Dr Combe.

Usage du gaz euphorisan­t

Quand c’est nécessaire, les médecins ont recours à des moyens plus radicaux, comme le gaz euphorisan­t. Mais parfois, une simple diversion suffit : à ce jeu-là, Buzzy, la petite abeille qui vibre sur le bras de l’enfant est très forte. « Elle détourne leur attention et limite la douleur, c’est bluffant», sourit Lisbeth. Autres méthodes très éprouvées : le chant et la présence des parents. « On détend l’atmosphère, on invite les parents à participer dans la mesure du possible… Pour les petits c’est rassurant, pour leurs parents aussi ! » Les bébés, jusqu’à trois mois, ont droit à une solution sucrée qui libère des endorphine­s. « On l’utilise même pour une simple vaccinatio­n. Ça évite de fâcher les petits avec les piqûres. Ça n’a l’air de rien, mais c’est un véritable investisse­ment pour l’avenir, estime le Dr Combe. La première expérience douloureus­e doit laisser le moins de traces possibles… »

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Le docteur Jean-Charles Combe, chef du service pédiatrie, et l’un de ses quatre collègues, le Dr Agnès Atale, aux côtés d’une maman et de son fils, un jeune patient enfin calmé et rassuré.
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Gaz euphorisan­t pour les plus inquiets...
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(Photos C.R.) ...et diversion avec «Buzzy» pour les autres.

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