Il est votre ennemi!
MOUSTIQUE TIGRE : LA RÉGION MOBILISÉE
Assécher son territoire est la meilleure arme pour lutter contre sa prolifération et la transmission de maladies telles la dengue, le chikungunya ou le virus zika, véhiculées par ce virulent insecte.
Le moustique tigre peut faire de votre été un enfer. S’il apparaît dans votre jardin, votre terrasse ou votre intérieur, il y a 80 % de chances qu’il soit né à votre domicile. Et comme la femelle pond dès le printemps, quelque 150 oeufs, cinq à six fois au cours de sa vie, qui dure environ un mois, il peut vite devenir envahissant. D’autant que ses oeufs sont à ce jour indestructibles. Seul un traitement sur les larves et les adultes peut en venir à bout. Aedes Albopictus a été détecté pour la première fois en Paca, en juillet 2004, à Menton. Il a colonisé tous les départements de la région sauf les Hautes-Alpes. Ce qui porte à 33 les départements infestés en France métropolitaine.
Empêcher une épidémie en Paca
Depuis le 1 mai et jusqu’au
er 30 novembre, c’est branlebas de combat à l’ARS, Agence régionale de santé Paca, au sein de l’Entente interdépartementale de démoustication Méditerranée (EID) et dans nombre de collectivités. Non pas parce que le moustique tigre agace et pique pour se nourrir de sang humain, surtout aux moments les plus frais de la journée, mais parce qu’il est vecteur de maladies, appelées arboviroses, telles la dengue, le chikungunya et les infections à virus Zika. Celui-là même qui, au Brésil, a provoqué des malformations sur les nouveau-nés. Il n’existe aucun vaccin contre ces virus que le moustique transmet après avoir piqué une personne déjà malade, souvent contaminée lors d’un voyage, par exemple dans les pays du sud-est asiatique d’où l’insecte est originaire. Le dispositif de lutte contre le moustique tigre et de surveillance des maladies virales fait appel à la mobilisation des habitants. À leur tour de rendre la vie d’Aedes Albopictus infernale. En supprimant avant tout les eaux stagnantes où la femelle pond et où l’insecte se développe (voir dans l’infographie ci-dessous, les conseils de l’EID Méditerranée.)
La piste des moustiques OGM
« Le but est d’empêcher l’apparition d’une chaîne de transmission locale de ces maladies en métropole » explique le Dr Samir Aboukais, du département veille et sécurité sanitaire de l’ARS Paca. « Le risque d’émergence de ces maladies est réel dans la région » affirmet-elle. Elle a enregistré neuf cas de maladies autochtones depuis 2010. « On parle de cas autochtones quand une personne a contracté la maladie sur le territoire national et n’a pas voyagé en zone contaminée dans les quinze jours précédents. » Pour l’instant la France n’a pas connu d’épidémie grave contrairement à celle qu’a vécue l’Italie en 2007: 300 cas de chikungunya d’origine autochtone dont un mortel. « Le moustique tigre est une des cent espèces les plus envahissantes au monde. Il est illusoire de s’imaginer que l’on peut le supprimer de la planète » estime Gregory Lambert, entomologiste, responsable recherche et développement au sein de l’EID Méditerranée, la tête de pont de la lutte contre l’envahisseur en Paca. D’autant que les deux pistes imaginées par les chercheurs pour éviter sa prolifération, sont encore loin d’aboutir. Elles visent à élever des mâles en laboratoire, à les stériliser, soit par irradiation, soit en les modifiant génétiquement, puis à les relâcher dans la nature. Mais, l’irradiation n’est pas au point. Et le Haut conseil des biotechnologies émet de sérieuses réserves sur la méthode OGM.