Les ministères vont se serrer la ceinture
Où trouver 4,5 milliards d’euros manquants afin de contenir le déficit à 3 % du PIB ? En réduisant « le train de vie du gouvernement »...
Quatre milliards et demi d’euros récupérés sur le seul périmètre de l’Etat: le gouvernement a mis fin au suspense budgétaire en détaillant, hier, la liste des économies prévues dans chaque ministère pour contenir le déficit à 3 % du PIB cette année. Pas de coup de rabot sur les minima sociaux ni, à ce stade, de suppressions de postes de fonctionnaires : les 4,5 milliards manquants seront récupérés « sur le seul budget de l’Etat » , en « réduisant le train de vie des ministères », a annoncé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin dans un entretien au quotidien Le Parisien. [lire les détails dans notre infographie] « Ni les collectivités locales ni la Sécurité sociale ne seront mises à contribution », a précisé M. Darmanin, confirmant par ailleurs l’engagement du Premier ministre, Edouard Philippe, de boucler le budget 2017 sans procéder à des augmentations d’impôts. Le gouvernement s’est engagé à ramener le déficit public sous la barre fatidique des 3% du PIB cette année, pour la première fois depuis dix ans. Mais entre 4 et 5 milliards d’euros manquaient à l’appel, au vu du dérapage révélé fin juin par la Cour des comptes (3,2% de déficit en l’absence de « mesures fortes de redressement »). Pour maintenir le budget dans les clous européens, toutes les dépenses des ministères ont été passées à la loupe, s’agissant par exemple de la gestion du parc de véhicules. Les mesures ont été « négociées avec l’intégralité des ministres », a assuré Gérald Darmanin. Dans l’Education nationale, aucun poste de professeur ne sera supprimé mais 75 millions seront économisés, tout en respectant les promesses sur l’accompagnement des auxiliaires de vie scolaire auprès des enfants handicapés. La voilure, enfin, sera comme promis réduite pour les contrats aidés d’ici à la fin de l’année. « C’est de la régulation budgétaire classique, comme on en fait depuis toujours », a réagi sur RMC/BFM TV le président LR de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Eric Woerth, dénonçant une forme de « mise en scène » et appelant ànepas « tomber dans le panneau ».
« On est rabot »
« La technique n’a vraiment pas changé. On est au rabot au lieu de se poser des questions de structure », a renchéri sur Europe 1 le président LR du Sénat, Gérard Larcher. Interrogé sur RTL, Gérald Darmanin a promis de « faire des réformes de structure » dès l’an prochain. « La politique de formation et d’aide à l’emploi, la question du logement... Toutes les thématiques de la politique publique sont sans doute à revoir afin de moins dépenser » ,at-il insisté. Le gouvernement s’est engagé à stabiliser en 2018 les dépenses publiques hors inflation. Selon les experts, cela implique d’économiser près de 20 milliards d’euros, un niveau jusque-là inédit. Mais cette facture pourrait être revue à la hausse au vu des dernières annonces du gouvernement.