Var-Matin (Grand Toulon)

Me Florent Verdier, l’avocat des bacheliers recalés

Ce Bordelais de 37 ans, qui a débuté sa carrière dans le droit des affaires publiques au barreau de Draguignan, est devenu le défenseur des candidats retoqués à l’entrée de l’université

- PROPOS RECUEILLIS PAR ELENA ESPEJO

Le processus Admission post-bac se gère en toute illégalité puisque le tirage au sort n’est prévu par aucun texte ”

Inscrit depuis trois ans au barreau de Bordeaux, Me Florent Verdier n’a pas de limite géographiq­ue lorsqu’il s’agit de défendre la cause des étudiants. D’Orléans à Besançon, de Bordeaux à Nice, jusqu’en Polynésie française ! Ce jeune routard des prétoires, qui a débuté sa carrière dans le droit des affaires publiques au sein d’un cabinet fréjusien, a plaidé de 2013 à 2015 au barreau de Draguignan. Aujourd’hui, le Var reste un départemen­t qu’il affectionn­e particuliè­rement. Il y séjournait encore il y a quelques jours du côté de Tourtour, « chez des proches ». Rencontre avec cet avocat de 37 ans qui s’est fait un nom dans le monde universita­ire jusqu’à être identifié comme le défenseur des droits des (futurs) étudiants.

  bacheliers sont toujours sans affectatio­n. Y a-t-il des Varois concernés ? Forcément. Il y a beaucoup de Varois qui postulent hors départemen­t. Le problème ne concerne pas l’université mais le ministère dans les fonds qu’il affecte aux université­s. Aujourd’hui, je n’ai pas été saisi par des Varois mais je suis certain, à  %, qu’ils sont concernés.

Aujourd’hui quels sont les recours ? Le processus de tirage au sort pour les bacheliers s’achève le  septembre. Tant que cette procédure administra­tive n’est pas terminée, il n’y a pas de décision définitive. Donc pas de recours judiciaire possible. En revanche, il y existe un recours administra­tif. Le bachelier peut demander directemen­t au président de l’université de prendre une décision d’inscriptio­n. En cas de refus, il peut attaquer au tribunal administra­tif. Quelles sont les filières où ça coince ? Là où les difficulté­s se concentren­t c’est en psycho à Aix-en-Provence et à Nice. Et en Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) à Marseille et Nice. Que pensez-vous de ce processus Admission post-bac (APB) ? Il se gère en toute illégalité puisque le tirage au sort n’est prévu par aucun texte. Les juges refusent de statuer avant la fin du processus alors que le statut est illégal. On est dans un système totalement incompréhe­nsible. C’est inacceptab­le de fonctionne­r de la sorte.

Le  septembre, que feront les bacheliers sans affectatio­n ? Ils perdront un an. Ou saisiront le juge. Dans ce contexte, ils auront forcément gain de cause puisque le système est illégal. C’est surréalist­e. Au  septembre celui qui agit aura sa place à l’université dans les  jours qui suivent. C’est une procédure en référé pour avoir une décision en urgence.

Combien coûte une telle procédure ? Cela dépend des revenus du foyer. On est aux alentours des  à  euros.

Avez-vous déjà été saisi ? J’ai une jeune fille corse qui a obtenu son bac avec une note de ,/. Elle n’est toujours pas prise en science sur le continent, puisqu’elle déménage à Paris. J’ai déjà en main un recours administra­tif, en attente des délais légaux, pour pouvoir agir.

Aujourd’hui, la méritocrat­ie n’est pas privilégié­e… Je ne sais pas pourquoi. C’est totalement absurde. Et basé sur des critères totalement flous, opaques. Avec ,/ au bac, c’est hallucinan­t de ne pas avoir de place en fac !

Quelles sont les conditions d’inscriptio­n à la faculté ? La seule est d’avoir son bac. Quelqu’un de  ans, titulaire de ce diplôme, peut s’inscrire en première année. C’est comme en Master, la seule condition est d’être titulaire d’un diplôme de premier cycle à savoir une licence.

Vous avez débuté votre carrière dans le droit des affaires publiques au barreau de Draguignan. Pourquoi vous êtes-vous engagé dans la défense des étudiants ? Parce que j’ai été saisi par des étudiants. J’ai eu de belles décisions, j’ai obtenu des avancées dans le monde universita­ire qui ont été médiatisée­s. À l’époque, j’étais le seul à pratiquer ce contentieu­x-là. La demande a fait que je me suis spécialisé dans ce domaine.

Un président d’université vous a accusé de faire « votre beurre sur la misère des étudiants et non pas dans leur intérêt ». Que lui répondez-vous ? Je ne réponds pas. C’est une attaque totalement gratuite. Estce qu’on va dire cela aux avocats pénalistes qui défendent des criminels, de faire le beurre sur les braquages, les deals, les meurtres ? Absolument pas. Ce sont des attaques qui ne concernent pas le fond. Je combats le caractère obscur, totalement flou et illégal des processus de sélection et de tirage au sort. Et sur ce point, je n’ai pas de réponse. Je précise qu’à Toulon, je n’ai jamais eu un seul étudiant qui m’ait contacté pour des problèmes avec l’université. Je l’explique par le fait que l’université n’est pas en flux tendu par rapport à sa capacité d’accueil.

Vous traitez aussi des refus d’inscriptio­n en Master… En Master, le système est plus réglementé mais pas forcément respecté. Par exemple, à Nice, le comité de sélection n’a pas d’existence régulière. Le conseil d’administra­tion devait prévoir ce comité par une délibérati­on ou un acte. Ce n’a pas été le cas. J’ai gagné un dossier la semaine dernière sur ce critère-là en prouvant que le comité était irrégulièr­ement constitué. C’était une action en référé pour contester un refus d’admission en Master  psychologi­e d’une jeune niçoise. J’ai une vingtaine de dossiers en cours d’instructio­n et je pense atteindre les  d’ici fin novembre…

La seule condition pour s’inscrire à la faculté est d’être titulaire d’un bac ”

 ?? (Photo DR) ?? Florent Verdier a usé les bancs de la faculté de droit de Draguignan-Toulon avant de rejoindre un cabinet d’avocats fréjusien. Il a plaidé de  à  au barreau de Draguignan avant de partir s’établir à Bordeaux. Depuis, il est connu dans le monde universita­ire comme le défenseur des étudiants notamment ceux retoqués à l’entrée du Master .
(Photo DR) Florent Verdier a usé les bancs de la faculté de droit de Draguignan-Toulon avant de rejoindre un cabinet d’avocats fréjusien. Il a plaidé de  à  au barreau de Draguignan avant de partir s’établir à Bordeaux. Depuis, il est connu dans le monde universita­ire comme le défenseur des étudiants notamment ceux retoqués à l’entrée du Master .

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