Missions locales, au pied du mur
«Je suis désolé, c’est une décision nationale… On n’a plus l’opportunité de signer ce type de contrats… Pour le moment.» Dans les missions locales, le téléphone sonne beaucoup. Et les appels tournent assez invariablement autour des contrats aidés. Leur coeur de métier est l’insertion professionnelle, celle de jeunes en difficulté. Cette mesure, c’est un peu comme si on leur coupait l’herbe sous les pieds. « Tout est gelé. On pensait qu’une enveloppe serait débloquée pour le second semestre, mais c’est en standby. »
« Bon courage pour se placer »
Sébastien Sinquin est chargé de projet emploi à la mission locale de Toulon. Rangés derrière lui, d’épais classeurs consignent les dossiers de chaque jeune sous contrat. Alors, coûteux et inefficaces ? «Le coût, on ne peut pas nier qu’il yenaun, rappelle-t-il. Mais sur l’efficacité, il y a quand même des arguments. Clairement, c’est une expérience professionnelle, avec une formation. C’est le moyen de donner sa chance à un jeune.» Une collègue renchérit : « Le jeune qui a juste un bac, sans le dispositif, on ne va pas lui dire: “Bon courage pour se placer”.» La mission locale de Toulon accueille et suit cinq mille jeunes chaque année. Ici, on regrette de ne voir « aucune alternative proposée». Ce qu’il leur reste? «C’est assez simple. C’est le marché du travail.» Dans le secteur marchand, où le gouvernement critique «un effet d’aubaine» (les contrats auraient été créés de toute façon), la mission locale assure que les embauches sont fréquentes. Quant au secteur non-marchand, les associations ne sont pas seules à bénéficier de contrats aidés. Aussi de grands organismes, tels que la Caf ou la Sécurité sociale. Eux aussi dans un effet d’aubaine?