Une journée à noyer le feu
Après une nuit de lutte acharnée, les pompiers ont encore dû lutter contre les reprises, hier. Le vent, fort et changeant, a poussé les braises loin à la ronde
Ily a eu un très gros travail cette nuit. Par le sol. » C’est un commandant de pompier qui parle et rend hommage, au labeur des 450 sapeurs, qui, dans des conditions franchement difficiles, ont attaqué le feu, jusqu’à l’aube. « On a eu la chance d’avoir quelques pistes forestières. On a été un peu aidé par les vignes. Mais il n’y avait ni Tracker, ni Canadair », poursuit-il. Sur le terrain, un pompier le visage noirci par les cendres le dit ainsi : « Le feu de nuit, avec un tel vent, il part tellement vite… On n’avait pas nos anges gardiens avec nous – les avions. On essaie de mettre en sécurité les gens et les biens et après, on ne fait pas de miracle ». Malgré tout, les pompiers ont attaqué le feu, « on l’a tapé plusieurs fois ». L’ont entravé parfois, « avec des lignes d’appui ». Comprenez, des camions alignés sur un axe, qui forment une ligne d’attaque, pour empêcher le foyer de s’étendre par les côtés. Et puis il y avait le vent, terrible vent, qui «n’a pas arrêté de tourner ». La Londe est «une zone de bascule du vent ». Avec un courant de nord ouest, puis ouest, terriblement changeant assurent les sapeurs.
«Bois incandescent qui vole »
Les sautes de feu en témoignent (lire ci-contre). On a vu dans la nuit s’abattre comme des rideaux de braises. « Ce sont des bellugues», affirme un pompier, en action avec sa lance. « Ce sont des bois incandescents qui s’envolent et se posent sur d’autres végétaux. » Voilà l’explication à cette carte du feu, qui suit les reliefs, s’arrête à mipente, repart dans un sens opposé. La végétation encore verte et les zones brûlées alternent. « C’est typiquement un feu morcelé, “en peau de léopard”. C’est très étonnant », poursuit le commandant des pompiers. C’est d’autant plus de travail pour les sapeurs chargés de noyer les souches encore fumantes, à quelques mètres de bosquets toujours verts. « C’est le travail le plus long, le plus ingrat, mais c’est aussi important que l’attaque », résume un sapeur en train d’éteindre une reprise, sur les hauteurs. Sous peine de voir le feu repartir. De plus belle.