Var-Matin (Grand Toulon)

La mer apprend à profiter du présent ” Grand Blanc

Cannes Au Yachting Festival, l’actrice-réalisatri­ce Géraldine Danon, mariée au navigateur Philippe Poupon, raconte son expédition au Groenland, dont elle a écrit un livre chez M. Lafon

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

C’est une femme de marin qui bouscule sans cesse son destin. On la retrouve les pieds sur terre dans le confort luxueux du Majestic à Cannes, alors que son mari Philippe Poupon a laissé ses empreintes au Yachting Festival. Mais Géraldine Danon semble toujours un peu sur le pont. La réalisatri­ce de docs pour TF1 nous aborde pour évoquer son incroyable expédition familiale dans le Grand Nord, à bord de Terre Australe, le voilier de son « capitaine ». De quoi nourrir un livre passionnan­t, La nuit n’est jamais aussi noire qu’avant l’aube, paru chez Michel Lafon, Une formidable Odyssée parmi les icebergs, au coeur de la banquise. Là où le Groenland est un no man’s land. Cette terre de lumière sans horizon, où les Inuits vivent des jours sans nuits, selon l’ancestrale tradition. Grand blanc, aussi apaisant qu’oppressant. Cette contrée où la glace semble parfois emprisonne­r l’âme de ceux qui ont osé s’y aventurer. « Dans tous les récits polaires, les gens deviennent un peu fous, un peu comme le compas qui perd la boussole à l’approche du pôle magnétique », confirme-t-elle. Un paradis perdu loin de toute civilisati­on, qui flirte aussi avec le soufre de l’enfer. Car l’actrice n’occulte pas non plus les tensions qui se manifesten­t au sein de sa famille recomposée (Loup, 15 ans, le fils de Titouan Lamazou, Laura 8 ans et Marion 6 ans qu’elle a eues avec Philippe Poupon). Huis clos dans un bateau, chahuté par la météo. Que le vent et les flots ont porté jusqu’au bout du monde. Terre ultime, où les humeurs sont au diapason des extrêmes. « J’essaie toujours d’être sincère et sans complaisan­ce dans mes récits. Ce n’est pas parce qu’on est en mer que tout est beau, justifie sans fausse pudeur celle dont 4 millions de téléspecta­teurs suivent les aventures depuis neuf ans. Mais quelle que soit la dépression, on sait que le beau temps finit toujours par arriver. Et même si je dois me résoudre à ce que mon fils aîné quitte bientôt le cocon, notre famille est ressortie encore plus soudée de ce périple ». Et puis, au coeur de la crise entre les hommes, l’apparition quasi divine de la splendeur animale. L’ours blanc. « C’est mon plus grand souvenir. Nous étions le 15 août, à 78° de latitude, la famille était au bord de l’éclatement, et voilà l’ours blanc ! Là, que l’on croit en Dieu ou non, cernés par la mer et la glace qui casse, on sent bien que quelque chose nous dépasse, on est obligé de s’en remettre à quelque chose de supérieur ». Face à cette immensité, Géraldine Danon trouve aussi sa propre introspect­ion. Relate son enfance bourgeoise où elle a sans doute manqué « d’intimité, malgré des parents présents ». Et puis sa blessure secrète. Les abus quotidiens d’un employé de maison, sur la petite fille qu’elle était, de 7 à 11 ans. Résilience, en toute transparen­ce. « Mais je regrette qu’on se focalise un peu trop sur ça, alors que ça ne fait que six lignes dans le bouquin .» La conversati­on glisse, comme ces glaçons détachés de la couche arctique, qui annoncent le réchauffem­ent climatique. Conscience environnem­entale. «Dans des endroits où personne ne passe jamais, nous avons pris des mesures et fait des analyses, pour confirmer les données satellites de l’Ifremer. Et à bord d’un bateau, les gestes écologique­s deviennent naturels pour les enfants...». Bientôt, à terre ou sur mer, il lui faudra reprendre le large. Aventurièr­e? « Ah, Je l’ai toujours été dans l’âme ! ». Lame de fond.

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(Photos DR et Patrice Lapoirie )

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