Var-Matin (Grand Toulon)

Mobilisés contre l’abattage d’un pin centenaire

En quelques jours, une pétition a recueilli plus de 3 000 signatures dans toute la France, mais surtout de Pradétans, qui estiment que cet arbre appartient à leur patrimoine

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

« Ils veulent couper le pin parasol de la 1re DFL ? Dans le jardin de Monsieur Lusson, le vétérinair­e ? Non, ce n’est pas possible. Mais il est au moins centenaire ce pin ! Il fait partie de ma vie. Demain, je signe la pétition et je la ferai circuler aussi ! » Le lendemain, Louis Imbert, membre de la très érudite Académie du Var, a ajouté sa signature à des milliers d’autres sur la pétition qui invite à sauver cet arbre, menacé par un projet immobilier. Elle a été lancée discrèteme­nt le 18 septembre par Dominique Lusson, propriétai­re de ce pin parasol d’un âge canonique, qu’évoque son tronc d’une circonfére­nce de 2,70 mètres.

« Il fait partie du patrimoine »

Le problème, c’est qu’en cent ou cent cinquante ans, cet arbre majestueux, qui a grimpé à une vingtaine de mètres d’altitude, a laissé son houppier prendre ses aises dans le ciel. Jusque-là, la maison voisine de celle de M. Lusson lui cédait bien volontiers cet espace aérien, mais ce ne sera plus le cas si elle est rasée pour laisser la place à un immeuble de trois étages, comme ceux qui ont poussé le long de l’avenue de la 1re DFL. Couper les branches musclées qui débordent de l’autre côté de la clôture le déséquilib­rerait et le fragiliser­ait. « Un simple élagage est impossible. Je n’aurai donc pas d’autre solution que de le faire abattre », regrette le vétérinair­e, qui tente de faire classer ce pin depuis sept ans, auprès de la municipali­té. Lui éviter la guillotine, c’est le sens de la pétition qui demande à la fois son classement et que « le permis de construire soit modulé afin de le conserver ». Jamais Dominique Lusson n’aurait imaginé le succès qu’elle remporte. « Certes, ce pin parasol est situé sur un terrain privé, mais il fait partie du patrimoine végétal de la commune », estime le Pradétan William Lévy, bientôt 76 ans. Comme beaucoup d’autres, il appelle tous azimuts à signer le texte. Si bien que la pétition a été postée sur Change.org par Magali Azoulay, une habituée du Pradet, vivant à Clermont-Ferrand. En une semaine, plus de 2 500 signatures ont été recueillie­s sur la toile, qui s’ajoutent aux centaines glanées par les Pradétans.

« Classer l’arbre n’est pas impossible »

Selon Christian Garnier, premier adjoint au maire chargé de l’aménagemen­t du territoire, un compromis de vente de la parcelle adjacente a été signé cet été, mais aucun permis n’a été déposé à ce jour. Il ne réfute cependant pas le projet d’un immeuble. « Si le permis était déposé maintenant, ajoute-t-il, il pourrait faire l’objet d’un sursis à statuer, le temps que le nouveau Plan local d’urbanisme soit arrêté, d’ici la fin décembre. Ce qui ne signifie pas que les droits à bâtir sur la parcelle seront supprimés. Par contre, il n’est pas impossible de protéger ce pin. » Une course contre la montre est engagée pour le sauver. Et pour l’instant la pétition, très relayée par les Pradétans, est en pole position.

 ?? (Photos Dominique Leriche et DR) ?? Le pin parasol en  (à gauche), année de la constructi­on de la maison qui, elle, est classée comme toutes celles bâties au Pradet par l’entreprene­ur Aimonetti. En haut, même lieu, même pin aujourd’hui.
(Photos Dominique Leriche et DR) Le pin parasol en  (à gauche), année de la constructi­on de la maison qui, elle, est classée comme toutes celles bâties au Pradet par l’entreprene­ur Aimonetti. En haut, même lieu, même pin aujourd’hui.

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