L’arrière-pays varois en mutation : aller de l’avant
Souvent considérés comme de simples cités dortoir, ces villages reculés ont autant d’atouts à mettre en avant, que ce soit au niveau du tourisme, de l’agriculture, de la culture, de l’environnement et de l’économie en général...
Dans un département où l’attractivité a toujours été portée par le littoral, les vallées du moyen ou du haut-pays ont longtemps été ignorées, parfois même complètement délaissées. Pourtant, il y a bel et bien de la vie et de l’espoir dans ces zones rurales atypiques. « Aujourd’hui, on ne peut plus parler d’exode », constate Alexandre Gauthier, directeur adjoint de l’Insee Paca.
Emploi et richesse
En 40 ans, les communes rurales de la région ont vu leur population multipliée par deux. Recherche d’une meilleure qualité de vie, attractivité du prix du foncier, retour au plaisir de la terre et de la nature… Les facteurs sont multiples. Comme le note Alexandre Gauthier, « cette tendance
s’accélère depuis les années 2000 ». Or, c’est cette nouvelle population qui est «génératrice d’emplois et de richesse ». «Quand de nouveaux habitants s’installent, analyse le directeur adjoint de l’Insee, cela engendre une dynamique économique à
tous les niveaux ». Cela s’est confirmé à Correns par exemple (lire par ailleurs), où le développement du bio a été porteur pour toute la commune. Mais il reste encore de nombreux villages isolés qui souffrent du manque de transport, de couverture téléphonique et d’équipements en tout genre (écoles, commerces, médecins…) Au niveau médical, le département est finalement assez bien loti comparé à la moyenne nationale, selon les chiffres de l’Insee. Dans le Var, 72 % des communes ont au moins un médecin, contre 27 % pour la moyenne nationale. Dit autrement, 3 % de la population varoise habite dans une commune dépourvue de docteur, alors que la moyenne française se situe à 16,5 %. Un cabinet de médecine générale vient d’ailleurs de voir le jour à Plan-de-la-Tour et sera ouvert 7j/7. Pour le directeur adjoint de l’Insee, même si chaque territoire a ses spécificités, il n’y a pas de secret non plus : « Ce n’est pas la présence d’un hôpital ou d’une école qui attire la population. Au contraire, explique-t-il, c’est parce qu’on gagne des habitants que les équipements se construisent ».
Attirer les touristes
Aux effets de la périurbanisation
s’ajoutent ceux de l’attractivité touristique. «Le tourisme est clairement un facteur qui permet à la population de gagner en qualité de vie », résume Alexandre Gauthier. Et l’arrièrepays varois a quelques atouts à faire valoir en la matière. En effet, « la demande d’activités loisirs augmente
d’année en année», observet-on du côté de l’office de tourisme de la Provence Verte. Mais pour attirer d’autres visteurs, encore faut-il avoir quelques idées novatrices à revendre. Notamment en matière de culture. Membre de l’association Les Localos (lire ci-dessous), Jean-Yves Pineau estime que « c’est aux élus d’impulser cette dynamique. Le problème, ajoute-t-il, c’est que certains sont encore très conservateurs et continuent à préserver au maximum leur
environnement passé par peur du changement. On ne peut pas progresser comme ça». L’enjeu est aussi d’éviter que ces villages se transforment en cités dortoir. Pour
Alexandre Gauthier, « c’est effectivement le rôle des collectivités qui détiennent la compétence économique. C’est à elles d’avoir dans leur stratégie une vue sur les territoires ruraux qui les entourent, en mettant en place les conditions du développement tout en veillant à l’égalité des ter ritoires. »