Var-Matin (Grand Toulon)

La ville va renouer avec son saint patron

En 517, Cyprien devenait évêque de Toulon. Un millénaire et demi plus tard, un hommage sera rendu mardi au protecteur de la ville. Un personnage dont l’histoire reste largement méconnue

- CHRISTOPHE GAIGNEBET

Geneviève veille sur les Parisiens, Victor sur les Marseillai­s et Réparate sur les Niçois... Mais à quel saint peuvent donc bien se vouer les Toulonnais ? Interrogés à la cantonade sur l’identité de leur saint patron, les habitants du bord de rade sèchent et répondent par l’humour. Non, il ne s’agit ni de Saint-Jonny ni même de Saint-Hubert (sauf peut-être les chasseurs)... Le saint patron de Toulon se nomme Cyprien et va être mis à l’honneur ce mardi 3 octobre. Une volonté commune de l’Ambassade de Provence, qui défend ardemment le patrimoine toulonnais, et du diocèse. « Les historiens s’accordent à dire que Cyprien est devenu évêque de Toulon en 517 », indique le père Alexis Wiehe, prêtre de la cathédrale, qui s’est passionné pour le parcours de ce personnage du haut Moyen-Âge. « Il fut un disciple de Saint-Cézaire, moine de Lérins, puis évêque d’Arles. Cyprien a participé à de nombreux conciles. Il était réputé pour la justesse de ses analyses et son amour de la vérité. Sur sa vie on ne sait pas grand-chose, mais en lisant ses écrits on devine quelqu’un de sobre. Il faut se rendre compte qu’il a vécu une période troublée. Pour sa communauté, il faisait figure de protecteur. » Son aura était telle qu’il fut canonisé peu après son décès.

Oublié ou presque depuis  ans

L’étude du parcours de l’homme d’Église permet de mieux connaître l’histoire de la cité. « Cyprien a été le quatrième ou le cinquième évêque de Toulon, preuve de l’importance de la ville, qui disposait déjà à l’époque d’une cathédrale ». Décrit dans les ouvrages du père Isnard, auteur du XVIIe siècle à qui l’on doit de remarquabl­es travaux sur l’histoire de la cité, cet édifice devrait prochainem­ent faire l’objet de fouilles archéologi­ques. Proclamé saint patron de Toulon au cours du Moyen Âge, Saint-Cyprien faisait l’objet d’importante­s fêtes votives le 3 octobre. « Tout s’est arrêté lorsqu’Henri Dutasta est devenu maire de Toulon dans les années 1880. A l’instar de ce qu’il s’est passé à Marseille à la même époque, il a supprimé toutes les fêtes religieuse­s et de nombreux symboles », indique JeanJacque­s Devallée, président de l’Ambassade de Provence. C’est ainsi que le souvenir du saint patron a fini par s’estomper. Historiens et ecclésiast­iques semblent aujourd’hui déterminés à lui redonner de son lustre.

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(Photo Patrick Blanchard) Alexis Wiehe, prêtre de la cathédrale, attend de nombreux Toulonnais (pratiquant­s ou non) mardi, à l’occasion d’une soirée dédiée à Saint-Cyprien.

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