«On est dans la même galère que les patients»
La crise du Lévothyrox, ce médicament prescrit pour soigner l’hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde, met les nerfs des pharmaciens à rude épreuve. Frank Basque, le président de leur syndicat dans le Var en témoigne.
Quelle est la situation ? La façon dont le gouvernement gère est pitoyable. Tous les jours il y a des alertes. On reçoit deux fois par semaine des informations de l’Association nationale de sécurité du médicament (ANSM). Et notre chère ministre a annoncé à la radio une bonne nouvelle selon laquelle les patients pourront récupérer l’ancienne formule du médicament en pharmacie! Du coup, les patients se précipitent dans les pharmacies mais nous n’avons pas les boîtes ....
Pourquoi n’avez-vous pas le médicament ancienne formule? Nos grossistes en ont reçu mais les boîtes viennent d’Allemagne. Ils doivent accrocher les notices en Français sur chaque boîte, avant de nous livrer... Et côté patients? On ne pourra leur délivrer que sous conditions : ils doivent avoir une ordonnance postérieure au septembre et avec la mention précisant « Euthyrox ». Mais cela, les gens ne le savent pas...
Comment réagissent-ils ? Les patients n’y comprennent plus rien, ils sont désemparés. Il faut qu’ils consultent leur médecin ou endocrino-logue, qui doit prescrire de nouvelles analyses pour connaître le dosage de médicament. En plus, vous imaginez le coût de l’opération...
Et les pharmaciens ? La profession subit sans cesse des attaques. Voici quelques semaines la Cour des comptes a dit qu’il y avait trop de pharmacies alors qu’il en disparaît déjà une tous les deux jours. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale prévoit encore , milliard d’économie sur les médicaments, et là, on est bien content de nous trouver pour gérer ce problème. Mais comment voulez-vous qu’on fasse ? Mis bout à bout, trop c’est trop. La coupe est pleine, on en a ras-le-bol!