Mamy Slam clame la vie à cause d’un chagrin d’amour
Jadis, une immense peine de coeur a entraîné Blanche Clipet dans la création de chansons à textes, que cette dame de 86 ans, déclame encore avec un bel enthousiasme à partager
Une interview de Mamy Slam. Au téléphone, elle clame «oui» tout de suite. Rajoutant : « Vous ne le regretterez pas… » Effectivement, cette auteure de chansons à textes, est un phénomène. Blanche Clipet, le vrai nom de la Mamy slameuse, se présentant comme «la parolière de Nice », nous ouvre la porte de son appartement niçois. Robe fleurie, peignoir de velours grenat, cheveux remontés en coques. «Je suis bien maquillée ? », demande-t-elle. Toute pomponnée la dame de 86 ans. On lui confirme la venue du photographe. « Attendez, je vais mettre mes boucles d’oreilles. » Née à Marseille. Résidence à Paris, Lille. À Nice depuis plusieurs décennies. Blanche se raconte. La guerre… Un père envoyé ici pour déminer la région… La misère… Un emploi de vendeuse puis de responsable de rayon à La Riviera… Et puis un grand chagrin d’amour. «J’ai adoré un homme, qui lui aussi m’a adorée, mais il était marié. En 1958, ce genre de situation était mal vu. » Divorce souhaité, mais impossible. Naufrage du monsieur dans la boisson, qui décède à 50 ans. « À la suite de cette peine, immense, je me suis mise à écrire des textes de chansons. » De vraies chansons. Jolies. Profondes. Servies par une maîtrise du français et de l’orthographe. Car Blanche lit beaucoup. Elle prie aussi. Sainte Rita. Patronne des causes désespérées. « Je lui ai demandé de m’envoyer un brave homme, honnête et travailleur. » Michel croise la route sentimentale chaotique de Blanche. « Il était chef pâtissier chez Auer. Un être adorable. Il est mort en 2009… » Des enfants ? Trois auraient pu naître. Existence cabossée. Blanche noircit des feuilles blanches. Une cinquantaine de textes à son répertoire. Tous à rimes. « Je trouve mon inspiration dans la vie et je défends la chanson française. »
Recherche interprètes…
Elle rencontre le slam grâce à Grand Corps Malade. Ce poète de l’âme fait de Blanche, Grand Coeur Ballade, poétesse des mots. Et des maux. Dis-moi grand’père évoquant la disparition d’un frère, Le délinquant ou la complainte du va-nupieds, mal aimé de la société, Mon enfant, qu’elle dédie à une amie ayant perdu sa fille dans un accident de la route, Le pavé, chanson sur la prostitution… La catastrophe du 14-Juillet 2016 lui dicte Promenade ma jolie, une supplique qui a bouleversé le public du Théâtre de la Tour, d’églises niçoises… Blanche se produit sur scène. On l’a vue sur celles de la StarSeniors, du Théâtre de Verdure, dans un restaurant… Dix de ses chansons parlées, mais accompagnées d’arrangements musicaux, ont fait l’objet d’un CD. Blanche n’a pas l’intention de couper son débit. Elle crée à tout instant. Du jour et de la nuit. Et cherche. « Un chanteur ou une chanteuse qui pourrait prendre ma relève en interprétant mes textes. »
(1) Ces textes qu’elle aime et protège : « Je les déclare systématique à la Sacem. Je ne veux pas qu’on me les pique. » En revanche, aucun intérêt mercantile : «Je fais tout gratuitement. Si de l’argent est récolté au cours de mes représentations, c’est toujours pour les autres. » Finalement, le proverbe a raison : à quelque chose, malheur est bon. «J’ai ce don par le chagrin », argumente Mamy Slam. Un don qui a su se faire entendre : « Lorsqu’on écoute mes chansons, on écoute une histoire… » 1.Contact: 04.93.87.17.59.