Var-Matin (Grand Toulon)

Mamy Slam clame la vie à cause d’un chagrin d’amour

Jadis, une immense peine de coeur a entraîné Blanche Clipet dans la création de chansons à textes, que cette dame de 86 ans, déclame encore avec un bel enthousias­me à partager

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Une interview de Mamy Slam. Au téléphone, elle clame «oui» tout de suite. Rajoutant : « Vous ne le regrettere­z pas… » Effectivem­ent, cette auteure de chansons à textes, est un phénomène. Blanche Clipet, le vrai nom de la Mamy slameuse, se présentant comme «la parolière de Nice », nous ouvre la porte de son appartemen­t niçois. Robe fleurie, peignoir de velours grenat, cheveux remontés en coques. «Je suis bien maquillée ? », demande-t-elle. Toute pomponnée la dame de 86 ans. On lui confirme la venue du photograph­e. « Attendez, je vais mettre mes boucles d’oreilles. » Née à Marseille. Résidence à Paris, Lille. À Nice depuis plusieurs décennies. Blanche se raconte. La guerre… Un père envoyé ici pour déminer la région… La misère… Un emploi de vendeuse puis de responsabl­e de rayon à La Riviera… Et puis un grand chagrin d’amour. «J’ai adoré un homme, qui lui aussi m’a adorée, mais il était marié. En 1958, ce genre de situation était mal vu. » Divorce souhaité, mais impossible. Naufrage du monsieur dans la boisson, qui décède à 50 ans. « À la suite de cette peine, immense, je me suis mise à écrire des textes de chansons. » De vraies chansons. Jolies. Profondes. Servies par une maîtrise du français et de l’orthograph­e. Car Blanche lit beaucoup. Elle prie aussi. Sainte Rita. Patronne des causes désespérée­s. « Je lui ai demandé de m’envoyer un brave homme, honnête et travailleu­r. » Michel croise la route sentimenta­le chaotique de Blanche. « Il était chef pâtissier chez Auer. Un être adorable. Il est mort en 2009… » Des enfants ? Trois auraient pu naître. Existence cabossée. Blanche noircit des feuilles blanches. Une cinquantai­ne de textes à son répertoire. Tous à rimes. « Je trouve mon inspiratio­n dans la vie et je défends la chanson française. »

Recherche interprète­s…

Elle rencontre le slam grâce à Grand Corps Malade. Ce poète de l’âme fait de Blanche, Grand Coeur Ballade, poétesse des mots. Et des maux. Dis-moi grand’père évoquant la disparitio­n d’un frère, Le délinquant ou la complainte du va-nupieds, mal aimé de la société, Mon enfant, qu’elle dédie à une amie ayant perdu sa fille dans un accident de la route, Le pavé, chanson sur la prostituti­on… La catastroph­e du 14-Juillet 2016 lui dicte Promenade ma jolie, une supplique qui a bouleversé le public du Théâtre de la Tour, d’églises niçoises… Blanche se produit sur scène. On l’a vue sur celles de la StarSenior­s, du Théâtre de Verdure, dans un restaurant… Dix de ses chansons parlées, mais accompagné­es d’arrangemen­ts musicaux, ont fait l’objet d’un CD. Blanche n’a pas l’intention de couper son débit. Elle crée à tout instant. Du jour et de la nuit. Et cherche. « Un chanteur ou une chanteuse qui pourrait prendre ma relève en interpréta­nt mes textes. »

(1) Ces textes qu’elle aime et protège : « Je les déclare systématiq­ue à la Sacem. Je ne veux pas qu’on me les pique. » En revanche, aucun intérêt mercantile : «Je fais tout gratuiteme­nt. Si de l’argent est récolté au cours de mes représenta­tions, c’est toujours pour les autres. » Finalement, le proverbe a raison : à quelque chose, malheur est bon. «J’ai ce don par le chagrin », argumente Mamy Slam. Un don qui a su se faire entendre : « Lorsqu’on écoute mes chansons, on écoute une histoire… » 1.Contact: 04.93.87.17.59.

 ?? (Photo Franck Fernandes) ?? Mamy Slam, un personnage très attachant, qui doit son inspiratio­n et son talent à un chagrin d’amour...
(Photo Franck Fernandes) Mamy Slam, un personnage très attachant, qui doit son inspiratio­n et son talent à un chagrin d’amour...

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