Voir, entendre, rire à pleines dents: combien ça coûte? EXCLU
Thierry Baudet, président de la Mutualité Française détaille les résultats de son Observatoire sur les restes à charge. Des disparités majeures
Commençons par une bonne nouvelle: la France est le pays de l’Union européenne où le reste à charge (RAC) pour les patients est le plus bas. Après intervention de l’assurance-maladie et des complémentaires santé, il ne reste à chaque assuré « que » 247 euros en moyenne à débourser par an. Des frais essentiellement liés à l’achat de lunettes, de prothèses dentaires et auditives ainsi qu’aux dépassements d’honoraires des médecins spécialistes. Mais comme toute moyenne, ces 247 euros dissimulent en réalité de très grandes disparités, ainsi que le démontre l’Observatoire lancé récemment par la Mutualité Française. Des disparités territoriales déjà: on s’en doutait un peu, les Français n’ont pas les mêmes coûts de santé en fonction du département où ils habitent. Mais, ce qui frappe davantage, c’est l’ampleur des écarts. « Ces différences sont constatées que ce soit pour l’achat de lunettes, de prothèses dentaires ou auditives, même si, s’agissant de ces dernières, le reste à charge est partout élevé », commente Thierry Baudet, président de la Mutualité Française. Et les écarts de RAC peuvent être très importants: « Du simple au double pour l’achat d’une paire de lunettes de même correction, de zéro à des sommes très élevées pour une prothèse dentaire ».
Objectif zéro ? Inaccessible !
« Sur le plan médical, rien ne justifie de tels écarts. Ils montrent que le reste à charge n’est pas seulement une question de remboursement. On a parfois le sentiment que les prix pratiqués s’ajustent au niveau de vie et à la capacité contributive des populations ! » regrette Thierry Baudet(1). Quelle est la situation dans nos départements du Var et des A.-M.? Concernant les prothèses auditives, les deux départements affichent un reste à charge proche de la moyenne nationale (856 euros). Idem pour l’optique, le Var se situant même un peu au-dessous de la moyenne (RAC de 142 euros, contre 167). La situation est « plus tendue » dans le domaine dentaire. Les deux départements sont très bien dotés en chirurgiens dentistes (plus 74 % par rapport à la moyenne nationale dans les A.-M, plus 21 % dans le Var). Mais cette « surdensité » ne joue pas en faveur des usagers. Le reste à charge en dentaire (équipement de prothèse) est près de deux fois plus élevé qu’au niveau national (101 euros, contre 55). La situation est à peine meilleure pour les Varois, avec un écart de plus 46 % (81 euros) par rapport à la moyenne nationale. Dans ce contexte, l’objectif « Zéro reste à charge » pour les frais d’optique, dentaires et auditifs promis par le nouveau gouvernement, est-il vraiment accessible ? La réponse est « non » selon Thierry Baudet, même s’il reconnaît que ce RAC doit diminuer. « Comment techniquement, pourraiton aller vers un RAC zéro, avec des écarts aussi importants? Il paraît plus raisonnable d’évoquer un reste à charge maîtrisé, accessible. Et pour atteindre cet objectif, il faut agir à la fois sur les remboursements, notamment dans le champ des audioprothèses, et sur les prix. si on fait confiance aux acteurs, on doit être capable de s’accorder sur des tarifs plafonds dans un certain nombre de cas. » La discussion est lancée. 1. Interview complète dans notre prochaine édition.