EELV: «la sélection persiste à l’université»
Présent aujourd’hui dans le Var, le président du Parti radical évoque la réunification des partis radicaux
Le maire de Nancy, Laurent Hénard, président du Parti radical valoisien, candidat à sa propre succession lors du congrès en décembre prochain, sera dans le Var et les Alpes-Maritimes vendredi et samedi pour rencontrer les militants (1). L’occasion aussi pour cet avocat de la réunification des partis radicaux de plaider le rassemblement au sein d’un même mouvement avec le Parti radical de gauche présidé par Sylvia Pinel.
Un mot d’abord en réaction à l’attentat qui vient de frapper New York ? On pense bien sûr aux victimes, des touristes pour la plupart ; et plus largement aux New-Yorkais qui ont déjà subi bien des drames. La lutte contre le terrorisme est aujourd’hui un sujet planétaire, On est hélas confronté à ces attentats depuis plusieurs années et sûrement pour de nombreuses années encore. Les démocraties doivent se donner tous les outils de lutte contre le terrorisme. Du renseignement aux magistrats, sans oublier, à l’échelle planétaire, la coordination de moyens militaires. Les Radicaux auxquels j’appartiens ont bien fait de soutenir la loi de sécurité intérieure du gouvernement : nous ne pouvions pas non plus rester dans un état d’urgence sans cesse prolongé.
Revenons à votre actualité politique : vous travaillez à la réunification des deux partis radicaux. Pourquoi maintenant, après plus de ans de scission ? Pour deux raisons. La première c’est que la confrontation idéologique des années soixante-dix – je pense au programme commun par exemple – n’est plus. Et puis avec l’élection d’Emmanuel Macron, les Français ont montré leur désir de changement profond de la vie politique. Changement auquel les radicaux, alliés à la droite ou à la gauche pendant ans, doivent participer. Nous voulons également envoyer un message de refondation de la vie publique. Il faut moderniser l’offre politique.
Cela signifie-t-il quitter l’UDI, dont le PR est l’une des plus importantes familles politiques ? L’UDI doit se transformer. S’il reste un petit parti de centre droit, ce n’est pas à la hauteur du message de Jean-Louis Borloo lorsqu’il avait fondé l’UDI, en voulant rassembler tous les progressistes. Selon moi, radicaux et centristes doivent se parler bien sûr, mais il faut aussi tendre la main aux écologistes indépendants, aux sociodémocrates autour de personnalités comme Manuel Valls, ainsi qu’aux Républicains constructifs. Et puis bien sûr, il faut voir si nous pouvons travailler avec les Marcheurs... Aujourd’hui le vrai clivage, c’est les progressistes contre les conservateurs. Les progressistes sont dans plusieurs familles qu’il nous faut réunir. Il faut dépasser ce clivage pour se retrouver sur des « majorités d’idées ».
Cette réunion n’est-elle pas « irrationnelle » quand on voit comment les familles politiques sont sorties explosées des dernières élections ? Non. Si on garde un paysage politique français en confettis, on fait le jeu des extrêmes. Il faut que les progressistes proposent une offre politique claire, sinon Mélenchon va asservir le PS et les Verts. Et on voit bien la tentation des Républicains conservateurs de suivre Marine Le Pen, soi-disant pour suivre son électorat. C’est, finalement, presque notre rôle de lancer ce message d’unité et de rassemblement puisque nous sommes la plus ancienne famille politique française.
Le congrès fondateur aura lieu le décembre. Briguerez-vous la présidence de ce nouveau parti radical ? Le décembre se dérouleront les congrès des deux partis radicaux. Si chacun de nous valide le projet de réunification, nous organiserons effectivement le même jour, l’assemblée constitutive de ce nouveau mouvement radical. Nos militants devront d’ailleurs se prononcer sur le nom de notre mouvement réunifié Je suis pour l’heure candidat à ma propre succession à la présidence du Parti radical dans le cadre du renouvellement de nos instances nationales. Nous aurons, avec Sylvia Pinel, à travailler à une période de transition avec une coprésidence pour montrer que les deux partis fondateurs travaillent à égalité dans cette nouvelle maison commune. Dans un communiqué Julien Bayou, porte-parole national, précise la position du mouvement Europe Écologie-les Verts sur la question de la sélection à l’entrée de l’université. « Alors que la nouvelle procédure pour accéder à l’enseignement supérieur a été présentée le lundi 30 octobre, les écologistes déplorent une réforme qui se révèle être une simple opération d’agitation. » Si Europe Écologie-les Verts salue « l’intégration de la sécurité sociale étudiante au régime traditionnel, que le mouvement EELV préconisait d’ailleurs depuis de nombreuses années, nous nous inquiétons du fait que la réforme ne réponde en rien aux inégalités scolaires », assure Julien Bayou. « Rien n’est proposé, ni en termes budgétaires, ni en matière de stratégie, pour la formation et l’emploi hors filières universitaires. Il faut regarder le système de l’enseignement supérieur dans son ensemble et non pas seulement l’université. La question de la sélection – ou des prérequis – à l’entrée de l’université ou celle de l’échec en licence, constamment utilisé comme prétexte, ne peuvent se comprendre sans prendre en compte la juxtaposition de ces licences avec des filières sélectives : classes préparatoires aux grandes écoles, BTS, IUT, etc. Ce système permet la concentration des moyens sur les meilleurs élèves et laisse les élèves plus en difficulté dans des formations moins dotées et à l’encadrement plus faible. »
Suppression des annonces sur les orientations
EELVsedit« surpris »dela suppression des annonces sur l’orientation et le système de voeux. «Il nous semble plus pertinent de faire confiance aux élèves et étudiants que de renforcer le rôle des professeurs de lycée.» Julien Bayou poursuit : «Le gouvernement répond à la grogne contre le système APB et se refuse à assumer formellement la sélection à l’entrée de l’université. Malheureusement, la sélection existe déjà, elle est sociale. Les enfants issus des catégories les moins favorisées accèdent beaucoup plus difficilement à des études supérieures en raison de facteurs tant économiques, notamment via l’accès au logement non traité par l’actuelle réforme, que culturels. Enfin, le coup de pouce budgétaire annoncé, en trompel’oeil en grande partie du fait des baisses imposées cette année à l’enseignement supérieur, ne permettra pas d’absorber la hausse des inscriptions dans l’enseignement supérieur, et ne résout en rien le sous-financement chronique de l’université en France.»