« Onn’a plus le droit d’avoir faim »
Ce matin, les vingt centres des Restaurants du coeur ouvrent leurs portes aux bénéficiaires. Jean-PierreZabiego préside désormais l’association dans le Var. Plus que jamais, les Restos comptent sur vous.
Alors que la campagne 2017-2018des Restos du coeur démarre aujourd’hui en France, JeanPierre Zabiego, nouveau président de l’association dans le Var, fait le point.
Comment êtes-vous arrivés aux Restos ?
J’étais directeur du service pénitentiaire et d’insertion du Var. J’ai vu trop de personnes qui n’arrivaient pas à s’en sortir quand les exigences qu’on leur demandait prenaient trop de temps, des personnes qu’on veut faire entrer dans des cases, et qui étaient en manque d’écoute. Retraité depuis octobre , je souhaitais être utile, venir en aide à un public en difficulté. Le déclic est venu l’an dernier au forum des associations à Hyères. On m’a parlé des valeurs des Restos, de son « accueil inconditionnel ». Des mots magiques pour moi. Je me suis engagé en début d’année. Personne ne se bousculait pour remplacer Maurice Georget comme président. Les Restos fonctionnent plus comme une entreprise que comme une association. J’ai pris le temps de la réflexion et j’ai posé ma candidature.
Que représentent les Restos dans le Var? Ce sont bénévoles, dans centres et une maraude sur l’Ouest Var. J’ai été très surpris de voir que dans un département riche, plus de personnes ont été accueillies cette année. De plus en plus de femmes seules avec des enfants, des jeunes, des étudiants essentiellement, des retraités, plutôt isolés.
Quelle aide apportezvous ? L’aide alimentaire n’est que la partie émergée de l’iceberg, ce n’est pas une fin en soi. Ces personnes ont besoin de reprendre confiance en elles, ce ne sont pas des professionnelles de l’assistanat. On essaye de les aider sur leur manière de s’accrocher à la vie. On utilise le fait qu’elles reviennent chaque semaine pour créer du lien, servir de relais avec tous les organismes sociaux, pour les aider à faire leurs démarches en ligne, rédiger des courriers, obtenir demicrocrédits… D’ailleurs au bout de deux ans, % du public des Restos se renouvelle. C’est ce qui donne du sens à ce que l’on fait, ils s’en sortent. Hélas, d’autres arrivent. Tous les accueillis ont un grand besoin d’écoute, c’est une réalité.
Quelles sont vos limites ? Celles entre ce qu’on peut faire humainement et ce que les professionnels du social peuvent faire.
Et vos difficultés? À l’heure des inscriptions, on voit arriver une hausse des personnes accueillies. Une autre difficulté est l’incertitude sur l’aide alimentaire de l’Europe après , ça doit être rediscuté. Enfin, on est juste sur les locaux. On souhaite que les mairies nous soutiennent un peu plus sur ce plan-là. On sait que pour les élus aussi les budgets sont contraints, mais sur une commune on peut chiffrer le poids de l’aide alimentaire que nous prenons en charge.
Quels sont vos besoins ? Nous manquons de bénévoles, de bonnes volontés. Financièrement, on tient grâce aux dons privés. Argent, denrées, vêtements, tout don est accepté. On veut développer lemécénat d’entreprise.
Que vous inspire Coluche ? Je l’ai toujours trouvé extra. Il chantait dans la chanson des Restos « je file un rencard à ceux qui n’ont plus rien, sans idéologie, discours ou baratin ». Je suis taiseux, cesmots-là me conviennent. Certains considèrent que le fait que les Restos existent toujours, alors qu’ils devaient être provisoires, est un échec. Non, ça ne l’est pas. La question de l’aide alimentaire a été prise à bras-le- corps par les pouvoirs publics, l’Union européenne.