Le budget de l’Agence de l’eau sera-t-il siphonné ?
Le gouvernement a prévu en 2018 de prélever 136 millions d’euros dans les caisses de cet organisme, qui participe à la lutte contre la pollution de l’eau et au maintien de la ressource
Le projet de loi de finances pour 2018, toujours en discussion, indique qu’à compter de l’an prochain, une part accrue des redevances de l’Agence de l’eau, prélevées sur les factures d’eau des usagers, financera autre chose que l’eau! Leurs budgets devront participer à hauteur de 195 millionsd’euros au financement de la nouvelle Agence pour la biodiversité, soit presque 40M€ de plus qu’en 2017, et pour 37M€ en faveur de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Enfin, 65 M€ de ses recettes iront aux parcs naturels nationaux. Soit une économie de 136,2 M€ pour le budget de l’État, selon la présentation du ministèrede laTransition écologique. Les présidents de bassins, commel’Association des maires de France et bien sûr les personnels de l’Agence sont inquiets de cette redistribution, qui menace la bonne gestion des ressources. France nature environnement, fédération de 3 500 associations, s’indigne et inter-
roge: « Qu’en est-il des enjeux liés à la préservation et la restauration de l’eau et des milieux aquatiques ? »
Baisse des aides aux collectivités
Son président Michel Dubromel remarque que « malgré bon nombre d’efforts, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre le bon état des eaux, que ce soit en termes de qualité de l’eau, de disponibilité des ressources, d’adaptation au réchauffement climatique, d’accompagnement des collec
tivités ». Diminuer les moyens de ces dernières va totalement à l’encontre des objectifs. Dans le Var, plusieurs dépendent de ces financements et jouent un rôle très important comme les syndicats intercommunaux, qui interviennent sur les cours d’eau et gèrent la ressource en eau. L’un en particulier a la responsabilité de la prévention des inondations sur la moitié du département: le syndicat mixte de l’Argens (SMA), créé suite aux crues qui ont endeuillé la Dracénieet l’Est-Var en juin 2010 et novembre2011. « Si l’Agence de l’eau n’avait pas étéànos côtés tout de suite, si elle ne nous avait pas suivis, on n’en serait pas là
aujourd’hui, rappelle Olivier Audibert-Troin, son président. Le SMA porte en effet le programme d’actions et de prévention des inondations (96M€) sur le bassin-versant de l’Argens. Et l’élu de préciser: « La masse salariale du SMA est subventionnéeà55% par l’Agence de l’eau, qui nous aide aussi pour l’achat d’un véhicule » . L’organisme joue également un rôle essentiel avec l’administration: « Elle nous suit pour qu’on soit labellisé “établissement public territorial de bassin”. Nous allons défendre notre dossier à Lyon le 1er décembre » . Demain, sans toutes ces aides, c’est une cascade d’actions qui ne pourraient plus être financées. Sauf à piocher dans la poche des contribuables et usagers…