Var-Matin (Grand Toulon)

Deux enfants du village racontent leurs aventures au bout du monde

Les frères Tocanier, « Petit Toki » et « Grand Toki », ont vécu des émotions fortes et de grands moments de bonheur en Australie et Nouvelle-Zélande. Récit d’un vrai dépaysemen­t

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Au village comme au club de rugby où ils ont joué au poste de « deuxième ligne » et « troisième ligne », tout le monde les connaît sous le surnoms « Petit Toki » et « Grand Toki ». Ils ont délaissé leur terre natale pour arpenter les routes du pays du « long nuage blanc ». Florian, l’aîné, âgé de 35 ans, a quitté sa petite Laly et sa femme Sandrine pour quelques semaines afin de rejoindre son frère Joël qui a lui quitté la France depuis deux ans déjà. « Ils sont partis compter les moutons »,« ce sont les envoyés spéciaux d’Henri Mondino (vice-président de la Fédération française de rugby, Ndlr) pour espionner les « Blacks », galèjent les villageois. Et dire que Joël ne parlait pas un mot d’anglais et avait peur de l’avion. Le club de rugby lui avait pris un bateau pour aller jouer contre Bastia. Et il a fait le grand saut.

Depuis combien de temps êtesvous parti du Revest, Joël ? Cela fait plus de deux ans maintenant. J’ai vécu un an en Australie, un mois à Bali, un autre en Thaïlande et depuis plus d’un an, ici au pays des kiwis. Le plus dur pour moi a été de parler anglais. Dans chaque pays, je trouvais des petits boulots pour pouvoir poursuivre mes aventures et faire la fête. Après mon arrivée à Melbourne, où j’ai retrouvé un autre Revestois, Bastien Teboul, je me suis retrouvé à Sidney où j’ai travaillé dans la constructi­on puis comme ouvrier paysagiste. J’y ai retrouvé un autre Revestois Jérémy Mathieu ainsi qu’un pote du rugby de La Valette, Florent Legendre avec qui j’ai fait beaucoup de surf et joué au rugby à XIII en Rugby League.

Est-ce difficile de trouver un job dans ces pays ? Déjà , il faut faire les démarches d’obtenir une carte Working Holiday Visa valable un an en Australie, et sur place, il faut ouvrir un compte bancaire, une ligne téléphoniq­ue et une demande d’obtention de numéro pour pouvoir travailler : le TFN en Australie et le IRD en Nouvelle-Zélande. Dans la ville de Childers en Australie, j’ai travaillé des mois dans une ferme pour obtenir mon second visa (minimum  jours). Je dormais dans les backpacks (les auberges de jeunesse) ou sur des matelas de fortune. L’Australie paye bien. Après, je suis arrivé chez les « kiwis ».

Est-ce facile de s’adapter ? Ici, les gens sont très accueillan­ts, ils viennent vers toi pour discuter. Au début j’ai bossé comme serveur à Auckland puis à Christchur­ch dans la constructi­on. C’est vraiment le pays des moutons et des kiwis, ces oiseaux qui ressemblen­t à des poules dont les opossums mangent leurs oeufs. En juin dernier j’ai acheté un van et je suis parti sur Queenstown au début de l’hiver. Un vrai coup de coeur : faire du snowboard dans ces montagnes, de l’escalade, du VTT dans ces paysages fabuleux même si je dormais dans mon van où même l’huile d’olive gelait. C’est une région extrêmemen­t touristiqu­e.

Les retrouvail­les avec votre frère ont dû être belles ? Oh que oui. C’est très dur de ne pouvoir compter que sur soimême et de vivre loin des miens. Ma mère Mado est venue passer deux semaines avec moi. On s’est fait un « raodtrip » en van (rires). Avec mon frère Florian, ce n’est que du sport extrême et à dormir dans les « freecamps » (seuls espaces réservés gratuits pour le camping) à bord du van : saut vertigineu­x, Speedboat, kayak au milieu des « fjords de Nouvelle-Zélande », saut en parachute… Le paradis extrême.

Des anecdotes ? Et quelques galères. En Australie dans la ferme pour récolter le fruit l’avocat, on était logé à même le sol dans un hangar. Toutes les nuits, un opossum venait nous rendre visite pour nous piquer de la nourriture et le matin, quand on sortait notre tête, les kangourous nous accueillai­ent. A Bali, je me suis fait mordre par un singe en m’approchant trop près de lui : j’ai eu droit au vaccin contre la rage. En Thaïlande, j’ai eu une infection à la jambe. Ne sachant pas trop parler anglais, je me suis retrouvé dans un hôpital où nous étions huit malades dans un couloir pendant quatorze jours. J’en ai encore des sueurs. Les retrouvail­les avec ma mère ont été très fortes. Je me suis beaucoup confié à elle car, jeune, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs. Cet exil m’a permis de plus m’ouvrir aux autres. Le voyage ? la meilleure thérapie du monde.

 ?? (Photo DR) ?? Loin du lac du Revest, les frères Tocanier s’éclatent. Ici, Milford Sound – en maori Piopiotahi – un fjord de Nouvelle-Zélande situé dans la région de Southland de l’île du Sud.
(Photo DR) Loin du lac du Revest, les frères Tocanier s’éclatent. Ici, Milford Sound – en maori Piopiotahi – un fjord de Nouvelle-Zélande situé dans la région de Southland de l’île du Sud.

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