«Le statut de pompier volontaire est à revoir»
Sollicité par le ministre de l’Intérieur pour travailler le statut et la reconnaissance des pompiers volontaires, le député du Var, Fabien Matras, reste également très attaché à sa circonscription
Pendant sept ans à Salernes, il a été sapeur-pompier volontaire: c’est sans doute pour cela que le député La République en marche (LREM) de la huitième circonscription du Var, Fabien Matras, a à coeur l’avenir de ce corps indispensable au fonctionnement des Services départementaux d’incendie et de secours (Sdis). Cela compte parmi les travaux parlementaires qui lui ont été confiés par le ministre de l’Intérieur. Auparavant, il présentera en janvier prochain le deuxième volet sur la loi de moralisation de la vie publique. Entretien avec un député qui reste très impliqué dans la vie de sa circonscription.
Où en êtes-vous du deuxième volet de la loi de moralisation de la vie publique ?
Je présente mon rapport le 17 janvier prochain. Nous sommes en train de finaliser le rapport qui s’appuie sur plus de 50 heures d’audition.
Que ressort-il de ce travail ? Difficile d’entrer dans le détail tant qu’il n’a pas été présenté en commission des lois. Mais comme le droit a changé deux fois cette année, avec les décrets d’application de la loi Sapin 2, c’est difficile de présenter de nouvelles propositions de loi sans avoir de recul sur le texte actuel. Nous avons quand même des pistes de travail notamment autour de la procédure devant la commission déontologie pour les agents publics. Nous devons l’améliorer et la rendre plus transparente. Il y a également un travail sur la protection des lanceurs d’alerte dans l’administration, ou encore sur le remboursement des frais de scolarité des étudiants, qui, rémunérés par l’État durant leurs études en grandes écoles, souhaitent rejoindre le secteur privé. Ce sont les trois axes sur lesquels nous nous dirigeons si d’aventure une loi était discutée à l’Assemblée.
Cela clôturera le sujet sur la transparence et la moralisation de la vie publique ? Je ne pense pas car en parallèle, François de Rugy travaille sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Cela va se poursuivre tout au long du mandat, à un rythme qui ne sera sans doute pas le même. Nous avons traité les élus, on traitera du statut des agents de la fonction publique… On ne va pas refaire des grandes lois mais plutôt travailler au quotidien, ponctuellement, sur le règlement de l’Assemblée par exemple. Il serait bien d’ailleurs que le Sénat se saisisse du problème…
Le Sénat est semble-t-il plus préoccupé par la hausse de salaire des maires de grandes villes ou agglomérations ()… Je ne partage pas cette idée. Pour moi, s’il y a un effort à faire en matière d’indemnités des élus, c’est d’abord sur les élus des petites communes qui s’investissent largement pour des rémunérations a minima. Je voterai contre un tel amendement s’il devait revenir en discussion devant les députés.
En parlant de rémunération, une députée La République en marche ( LREM) s’est plainte de son salaire de 5 000 euros. Je condamne fermement de tels propos. C’est profondément ridicule de parler de la sorte alors que le salaire médian en France s’élève à 2 000 euros.
Vous travaillez également sur la sécurité civile et le statut des sapeurs-pompiers volontaires ? Après les feux de forêt de l’été dernier, je me suis rapproché du ministère de l’Intérieur pour travailler sur les questions de sécurité civile. J’ai été désigné pour faire partie de la Conférence nationale des services d’incendies et de secours (CNIS). Je me concentre sur les sujets qu’on connaît bien dans le Var comme le financement des Services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), les subventions des communes par exemple. On a travaillé aussi avec le ministère de l’Intérieur sur la problématique des moyens aériens, qui seront renforcés de six avions. C’est un point fondamental pour le département. Et enfin, le statut des pompiers volontaires est à revoir. Statut menacé par la directive européenne sur le temps de travail. En effet, et je suis très inquiet à ce sujet, cela peut remettre en cause tout le modèle de sécurité civile français. Si on est pompier volontaire et que l’on vous demande d’avoir 12 heures d’interruption entre la fin de votre travail et le début de votre garde en temps que pompier volontaire, cela va poser problème. Cela doit faire partie des sujets que l’on doit aborder dans le rapport que je devrais remettre au ministre, en mars prochain.
Il est également question de la mobilisation des volontaires. Il est question de recruter davantage pour arriver à 200 000 sapeurs-pompiers volontaires en 2020. Je suis confiant mais il faudra que l’on soit imaginatif pour définir la relation entre Services départementaux d’incendie et de secours , pompiers volontaires et employeurs. Pour que l’employeur demain ne soit pas effrayé d’avoir des sapeurspompiers volontaires susceptibles d’être appelés. Il faut aussi, en parallèle, que l’État donne des gages à l’employeur afin que celui ne soit pas perdant.
Vous pensez à un dédommagement financier ? Ça peut être financier mais aussi, pourquoi pas, la valorisation de l’entreprise dans les marchés publics. On peut aussi valoriser les formations sapeurs-pompiers dans la vie de l’entreprise, etc. Dans le même temps, nous travaillons à la féminisation de la profession. Cela fait partie de la lettre de mission que m’a remis le ministre de l’Intérieur. Au même titre que la reconnaissance de l’engagement des sapeurs-pompiers volontaires.
Vous étiez porte-parole de votre groupe pour la loi de sécurité intérieure. Comment appréhendez-vous la nouvelle police de sécurité du quotidien ? J’ai demandé au ministère une expérimentation de la police de sécurité du quotidien en zone rurale, dans le Var. Je considère que ce n’est pas une problématique propre aux villes ou aux banlieues.
Comment cela peut se traduire en zone rurale justement ? Par plus de proximité ! On a l’exemple aujourd’hui de brigades de proximité qui sont allégées en charges administratives et qui, du coup, ont plus de temps pour aller à la rencontre des habitants, qui travaillent la relation avec les gens. Ce n’est pas du temps perdu puisque cela permet aussi de glaner des informations.
Cela permet de lutter selon vous contre le sentiment d’insécurité ? D’une part oui, cela y participe. Et cela permet également d’afficher une présence policière qui incarne une force de dissuasion en matière de cambriolage notamment.
Votre circonscription fait face à la cohabitation difficile entre l’élevage et la présence du loup. Comment appréhendez-vous la question? C’est un sujet qui me mobilise fortement. Il faut sortir de la logique de quota : aujourd’hui on établit un certain nombre de bêtes à tuer sur le territoire, mais cela ne se fait pas de manière organisée. Je crois davantage en des zones préservées pour le loup et des zones où l’élevage a sa place. Le loup est un animal intelligent, il faut lui faire comprendre qu’il existe des zones où il lui est interdit d’aller. Le gouvernement doit mettre en place des zones d’expérimentation et j’espère que cela sera possible aux abords du plateau de Canjuers. Je pense que sur ce territoire, on peut s’appuyer sur les relations qui existent entre militaires, chasseurs, riverains, pour définir un périmètre d’expérimentation.
S’il y a un effort à faire en matière d’indemnités des élus, c’est d’abord en faveur des élus des petites communes.” J’ai demandé une expérimentation de la police de sécurité du quotidien en zone rurale, dans le Var. ”
1. Lors du débat sur le projet de loi de finance 2018, les sénateurs ont voté un amendement autorisant une augmentation de 40 % du salaire des maires des grandes villes (500 000 habitants) ainsi que des présidents de Région et de Département. Cet amendement sera ensuite discuté à l’Assemblée.