Nordahl Lelandais : l’hypothèse d’un tueur en série
L’ancien militaire de 34 ans, déjà soupçonné d’avoir tué la petite Maëlys en Isère, a été mis en examen, hier, pour l’assassinat du caporal Arthur Noyer, disparu en Savoie
Après la petite Maëlys, Nordahl Lelandais est désormais soupçonné de l’assassinat du caporal Arthur Noyer, une accusation qui va conduire les enquêteurs à rouvrir les dossiers des disparitions non élucidées dans la région. Après deux jours de garde à vue, cet ancien maîtrechien de l’armée de terre âgé de 34 ans a été mis en examen, hier, pour l’assassinat du jeune militaire. Il l’était déjà depuis la fin novembre pour Maëlys. Lors d’une conférence de presse, le procureur de Chambéry, Thierry Dran, a expliqué qu’il s’appuyait sur des « indices graves et concordants » fournis par le bornage du téléphone du suspect et la présence de son véhicule sur les lieux de la disparition d’Arthur Noyer. Le caporal, qui restait introuvable depuis la nuit du 11 au 12 avril et que l’armée considérait comme un déserteur, a sans doute été identifié. Son ADN a été trouvé sur les restes d’un crâne humain découvert par un promeneur sur un chemin de randonnée le 7 septembre à Montmélian, à 16 kilomètres de Chambéry. « Dans un premier temps », ce vestige « pouvait paraître comme ancien », a-t-il précisé. Les résultats de son examen, débuté à la mi-décembre, ont été communiqués de manière « concomitante avec la garde à vue ». De nouvelles recherches vont être entreprises autour du lieu de la découverte du crâne dès que les conditions météorologiques le permettront. Nordahl Lelandais, qui nie farouchement toute implication dans la disparition de Maëlys, a contesté durant sa garde à vue « l’ensemble des faits tout en admettant s’être trouvé à Chambéry et Saint-Baldoph » en même temps que le caporal la nuit de sa disparition, selon le procureur. Il apparaît, en effet, que les deux téléphones utilisés par le suspect « avaient déclenché entre 23 h 48 et 3 h 41 les mêmes relais » que celui du militaire disparu qui semble avoir pris place dans un véhicule non identifié. « Les images de vidéosurveillance ont démontré que le véhicule de Lelandais [une Audi noire, ndlr] se trouvait à 2 h 58 à Chambéry, puis à 3 h 08 sur la commune de Saint-Baldoph ».
D’autres disparitions épluchées
Le rapprochement entre les deux affaires s’est fait « il y a quelques semaines », selon une source proche de l’enquête. « Après l’affaire Maëlys, un lien pouvait être fait avec l’Audi utilisée par Lelandais », alors que le grand nombre de ces véhicules – 2 900 rien qu’en Savoie – empêchait les enquêteurs d’aller plus loin. Ils ont alors pu effectuer «des vérifications sur la téléphonie ». Quelques jours plus tard, des recherches sur Internet effectuées le 25 avril avec les mots clés «décomposition d’un corps humain » ont été retrouvées dans son téléphone. Désormais, les enquêteurs vont éplucher « toutes les disparitions inquiétantes dans la région ». Il y a notamment la disparition de deux hommes, Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou, à un an d’intervalle, en 2011 et 2012, en marge d’un festival électro au Fort de Tamié (Savoie). Mais aussi, selon Le Parisien, celle d’Adrien Mourialmé, jeune cuisinier belge de 24 ans qui a été vu pour la dernière fois le 5 juillet dans la région du lac d’Annecy (Haute-Savoie), une zone qui avait déjà fait parler d’elle avec la tuerie de Chevaline [lire ci-contre]. En effet, la mère de ce jeune Belge aurait appris, hier, que des vérifications allaient être menées à la suite de la mise en cause de Nordahl Lelandais dans une seconde procédure criminelle. La tuerie de Chevaline Nordahl Lelandais ne serait-il pas un tueur en série ? Les enquêteurs se posent, en effet, des questions quant à une éventuelle participation de l’ancien militaire à la tuerie de Chevaline, toujours non élucidée. Le septembre , soit quelques jours avant la seconde disparition du Fort Tamié (Savoie), un cycliste français et les trois membres de la famille britannique al-Hillil en vacances près du lac d’Annecy (Haute-Savoie) sont tués par balles sur une route forestière. Si aucun meurtrier n’a toujours pas été identifié, très rapidement, cependant, les premiers éléments de l’enquête laissaient supposer que le crime pouvait être l’oeuvre d’un ancien militaire, compte tenu des spécificités de l’arme du crime : un Luger P de calibre ,, pistolet utilisé par l’armée suisse. Des circonstances particulières qui risquent de faire de Nordahl Lelandais un potentiel suspect. Le procureur a confirmé, hier après midi, l’existence de vérifications dans cette tuerie.