Dans leur atelier : forts comme des Boeuf
À l’occasion des fêtes de fin d’année, Var-matin met la famille à l’honneur. Chaque jour de cette semaine, faites connaissance avec ces différentes générations, qui ont choisi de travailler ensemble
Entreprise du patrimoine vivant. » Depuis 2007, l’atelier Sud France affiche cette marque d’État. Mais la famille Boeuf, propriétaire de ce commerce, rue Jean-Jaurès, peut depuis bien plus longtemps se targuer de faire partie du patrimoine toulonnais. L’arrière-grandpère Alfred y a installé son activité de reliure et d’encadrement en 1906, dans un hôtel particulier du centreville qui, depuis 1750, abritait déjà ce savoir-faire. Aujourd’hui, c’est Frédéric Boeuf, 50 ans, représentant la quatrième génération de cette histoire de famille, qui tient la boutique. Il a succédé à son père Robert, 78 ans. À la retraite depuis déjà un moment, après avoir lui-même pris la suite de son père Félix, le patriarche n’est pourtant jamais bien loin : il a récemment étoffé l’offre de l’atelier avec une activité d’expertise et d’inventaire. De génération en génération, les Boeuf ont ainsi ajouté plusieurs cordes à leur arc. Dernière en date, la restauration de monuments historiques, devenue aujourd’hui l’activité principale de la maison. « Les circonstances évoluent, explique Frédéric, donc il faut que nous fassions de même et que nous nous développions. » En plus du travail auprès des particuliers, Sud France répond à des marchés publics sur une très large moitié sud de la France. Un second atelier a d’ailleurs été ouvert dans la Drôme, près de Valence, en 2011, afin de répondre à une demande grandissante.
La pomme pas loin de l’arbre
« Frédéric sait faire des choses que je ne sais pas », reprend le père. Et le fils de lui retourner le compliment : « Et inversement ! » Si Robert s’est spécialisé, en son temps, dans la dorure sur livre auprès des plus grands spécialistes à Paris, Frédéric, lui, a fait ses armes en Italie dans la dorure sur bois. Estelle, sa soeur, n’a pas suivi la tradition. Quoi que… : archiviste paléographe, elle travaille à la Bibliothèque nationale. Autant dire pas bien loin de la vocation familiale. Quant à Catherine, l’épouse de Frédéric, elle, a installé sa société d’imprimerie dans les murs de Sud France. « Indépendante pour pas que ça dégénère», ritelle. Avant d’ajouter plus sérieusement que le fait de partager aussi sa vie professionnelle avec son partenaire de vie privée permet « plus d’échange, de soutien, de compréhension ».
Transmission et passion
Frédéric acquiesce. Robert renchérit : «Mes parents à moi travaillaient aussi ensemble. » C’est d’ailleurs par le travail que Frédéric et Catherine se sont rencontrés : « J’étais alors leur imprimeur
», confie la maman d’Alexandre, 10 ans, qui pourrait bien perpétuer la tradition familiale. « Pour l’instant, il veut être paléontologue, note son papa. S’il reprend, le métier sera sûrement différent de ce que je fais aujourd’hui : la méthodologie évolue, les techniques et la philosophie aussi. Je le constate déjà. » Surtout, assure Frédéric, qui baigne dedans depuis le plus jeune âge, estime qu’« il faudra que ça lui plaise : c’est un métier passion, qui est astreignant et très chronophage ». N’empêche que la transmission est indissociable de l’histoire de la famille Boeuf. Une fierté que Robert ne cache pas : « À Toulon, peu d’entreprises peuvent se dire centenaires ! »