Avoir des voisins attentifs, un frein aux cambriolages ?
Face à la recrudescence de vols, des dispositifs de prévention s’organisent. Le périmètre du CIL Riondet fait l’objet d’un protocole de participation citoyenne entre la Ville et la police
Ne pas être curieux mais être attentif. Depuis 2013, le CIL Godillot est engagé dans une démarche de participation citoyenne. Le principe ? S’entraider entre voisins afin de lutter contre les cambriolages et les incivilités. Sur les boîtes aux lettres de cette zone pavillonnaire, l’on voit fleurir de petits autocollants siglés : « Protection voisins vigilants», ainsi que des panneaux de signalisation arborant un oeil géant. Big brother veilleraitil sur les lieux ? Des habitants lorgneraient-ils derrière leur fenêtre avec des jumelles pour épier les moindres faits et gestes ? Philippe Ferré et Pascal Jannier, les responsables du comité d’intérêt local, sont catégoriques : « On n’est pas là pour faire la loi mais pour être des voisins vigilants ». Voisins vigilants, comme l’association éponyme qu’ils ont rejointe pour assurer un visuel et recréer un lien social distendu.
Composer le
« Des voisins ne se connaissaient même pas. Il s’agit surtout d’avoir un comportement citoyen », relèvent-ils. Dans ce secteur qui compte aujourd’hui 972 foyers dont 385 collectifs, 75 membres du CIL Godillot (sur 116) ont opté pour cette démarche. L’objectif est de renverser le sentiment d’insécurité : « que toute personne animée d’intention de nuire sache qu’elle peut être repérée ». Godillot est loin d’être un secteur sensible, alors pourquoi ce choix ? Nous sommes situés à l’entrée de ville, proche de terrains vagues, non loin de la gare (1). Certains d’entre nous ont été victimes de cambriolages», lâche M. Ferré. L’accent est posé sur l’encadrement de la participation des habitants. Depuis quatre ans, un protocole a été signé entre la municipalité et la direction de la sécurité publique. « Le rôle référent de la police municipale est précieux. Il est important que les habitants du quartier orientent rapidement les informations vers la police s’ils constatent des incidents. Composer le 17 est essentiel en cas d’urgence ».
Ne pas épier mais être attentif
Car il suffit parfois d’un rien pour éviter la commission d’infractions... L’un des habitants, cambriolé en 2011, se souvient avoir discuté a posteriori avec un voisin domicilié dans l’ensemble de l’Oasis. « Il m’a dit : “J’ai vu passer quelqu’un par-dessus ton mur”. Pourquoi ne pas avoir contacté immédiatement la police ? « Il m’a simplement répondu : “Je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regardait pas’’». Plus récemment, le CIL a diffusé un message d’information à propos d’une fausse entreprise de ramonage qui sévissait. « Nous sommes dans l’information et non dans l’action. Il est hors de question de se substituer à la police », concluent les deux hommes. En 2017, le service de la police municipale a été sollicité par 167 appels émanant du CIL Godillot. 1. Des as du cambriolage domiciliés dans les Bouches-du-Rhône empruntent notamment les liaisons ferroviaires pour se déplacer et commettre leurs larcins.