Mas Picasso: l’acquéreur a payé mais il est hors délai
Énième rebondissement dans l’affaire du mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins. Faute d’avoir réglé à temps, l’adjudicataire pourrait voir le bien lui échapper. La justice en décidera le 22 février prochain
Un avocat désabusé : «Ce dossier, on ne peut plus le voir en peinture ! » Le mas Notre-Dame-de-Vie, à Mougins, rebaptisé par certains Antre du Minotaure car Pablo Picasso y a travaillé en reclus jusqu’à sa mort, le 8 avril 1973, est toujours potentiellement sur le marché. Cette massive et – aujourd’hui – luxueuse villa, encore affichée en 2013 au prix astronomique de 170 millions d’euros, a été adjugé le 12 octobre dernier pour un peu plus de 20 millions. L’acquéreur, Rayo Withanage, n’a versé qu’un acompte de 10 % lors de l’audience au tribunal de Grasse. Il devait solder dans un délai raisonnable qui, finalement, a été largement dépassé en raison d’un retard dans l’obtention du prêt qu’il voulait contracter. Si bien que cet homme d’affaires néo-zélandais d’origine sri-lankaise risque de voir le bien lui échapper. Pour Me Marc Provenzani, avocat au barreau de Grasse, son client a encore toutes ses chances. « Ce dossier a été évoqué devant le juge de l’exécution des saisies immobilières ce jeudi 25 janvier, par suite de la contestation que j’avais formée à la demande de M. Withanage », rappelle Me Provenzani. Cette contestation visait à demander la nullité d’une sommation délivrée à la requête de la banque de l’actuel propriétaire, défaillant. En clair, cette banque néerlandaise, Achmea, réclamait l’annulation de la vente si les 90 % restant dus n’étaient pas versés sous huit jours.
Vers une nouvelle procédure judiciaire ?
« Dans la mesure où il avait bien évidemment l’intention de poursuivre l’acquisition et de payer le prix, M. Withanage m’avait demandé de contester cette sommation. Le juge de l’exécution, après avoir longuement écouté les parties, a indiqué qu’il rendrait son délibéré le 22 février. » L’avocat apporte deux précisions d’importance : « La banque Achmea s’est désistée de sa demande de résolution. Par ailleurs, le bâtonnier de l’ordre a adressé le 24 janvier dernier un certificat établissant que les fonds avaient bien été versés par M. Rayo Withanage. Ce qui met celui-ci en meilleure position. » L’actuel propriétaire ne semble pas voir les choses de cette façon. Les fonds étant arrivés hors délai, il souhaite que la vente soit cassée. Une nouvelle procédure judiciaire ne peut donc pas être exclue. Me Provenzani reste confiant : « Tout est possible. Ou la résolution ou, au contraire, le constat que M. Withanage est bien devenu l’acquéreur. Le dossier est sur le chevalet du juge de l’exécution de Grasse. »