Enfant de la rade, Aline Tur a triomphé aux César espagnols
Avec son film d’animation consacré à Woody Allen, Aline Tur a décroché un prix à la cérémonie des Goya, à Madrid. Consécration pour cette ancienne élève de Dumont devenue cinéaste
La32 e cérémonie des Goya, l’équivalent de nos César, a eu lieu au début du mois à Madrid. Et qui a remporté le prix du meilleur court-métrage d’animation avec Woody and Woody ? L’équipe d’une Française nommée Aline Tur, aujourd’hui installée à Palma de Majorque et originaire de Toulon. Interview à distance.
Comment passe-t-on d’une enfance ordinaire à Toulon à la cérémonie des Goya, en Espagne ? En poursuivant ses rêves (rires). Mon parcours a débuté au lycée Fénelon, puis en lettres à Dumont d’Urville. J’ai ensuite suivi une maîtrise en littérature comparée à la faculté d’Aix ou je me suis intéressée à la littérature et au cinéma. J’ai consacré mon travail de fin de maîtrise à l’oeuvre du cinéaste espagnol Luis Buñuel. Ce projet m’a menée à Madrid ou j’ai appris la photo et le cinéma. Après quelques années à Madrid, je suis partie à Majorque ou j’ai ouvert, avec deux associés, une école d’image et de son dont nous fêtons les ans cette année. Avec ce prix, c’est un beau cadeau !
Comment est née l’idée du film qui vous consacre aujourd’hui au niveau européen ? L’idée de Woody and Woody vient tout simplement d’une pièce de théâtre. Le metteur en scène m’avait contactée et nous nous sommes lancés dans l’aventure. La pièce a donc été adaptée en film d’animation. Elle a pour origine notre passion commune pour Woody Allen dont, personnellement, j’ai toujours été admirative. Nous avons réalisé de nombreux essais, tant au niveau du design du film que des personnages et du style qu’on voulait donner à l’ensemble : à la fois organique et artistique. On voulait surtout nous éloigner de la D (trois dimensions) qu’on retrouve partout en ce moment dans les films d’animation.
Et une fois le film terminé, comment s’est-il retrouvé sur la liste des nommés de l’année ? Nous avons travaillé près de deux ans et demi sur ce projet. Vous savez, la surprise a d’abord été d’apprendre que j’étais sur la liste des dix prénominés, puis sur celle des quatre derniers courtsmétrages sélectionnés ! Là, j’ai commencé à y croire sérieusement. Puis, le février est arrivé et là, ce fut le bonheur total quand j’ai entendu le nom de Woody and Woody cité sur scène !
Et maintenant ? Vos futurs projets vont forcément s’accélérer ? Je l’espère ! Nous fonctionnons déjà comme une boîte de production. Notre dernière série policière, tournée en Espagne, va être distribuée à l’échelle internationale. Vous aurez, j’espère, l’occasion de la voir en France bientôt. D’autres projets de films sont en cours dont un qui me ramènera peut-être dans le sud de la France. Mais il est encore trop tôt pour en parler. Vu de Palma, Toulon doit vous sembler bien loin ? Pas tant que ça ! J’y pense souvent… Professionnellement, je compte bien profiter à nouveau de notre chère Côte d’Azur au cours d’un éventuel tournage. Pour moi, Toulon rime toujours avec famille, vacances et souvenirs d’enfance ! Le rêve serait de venir y présenter Woody et Woody.