Var-Matin (Grand Toulon)

Un Revestois, champion du « dressage à la récompense »

Tony Moucheghia­n utilise cette méthode positive pour dresser ses malinois. Grâce à ce travail tout en douceur, il obtient de tels résultats qu’il est devenu l’un des meilleurs en France

- GÉRARD CRESTEIL

Tony Moucheghia­n est un petit gars de Marseille, fan de l’OM, qui depuis trente ans pratique la compétitio­n avec brio. Son palmarès le place dans le top 10 des meilleurs dresseurs français. Il faut dire que ses méthodes, axées sur la récompense, fonctionne­nt à merveille. Tony, c’est l’homme qui murmure à l’oreille des chiens. Juge auprès de la Société centrale canine, champion de France de « travail en ring » en 2012, multifinal­iste, président du club du Revest, il prône sans retenue l’éducation positive. Retour sur un parcours exceptionn­el.

Un cadeau pour ses vingt ans

1965. Tony Moucheghia­n s’éveille à la vie au coeur du Panier. Quartier mythique de Marseille ou Zampa, ancien parrain du milieu, Georges Nguyen, le célèbre flic surnommé « Le chinois » et l’humoriste Patrick Bosso ont grandi. Là, entre une partie de boules, quelques coups de gueule, une chevauchée imaginaire devant un vieux western, le gamin au regard malicieux préfère les escapades avec les copains plutôt que les bancs de classe. Fort heureuseme­nt, son amour des chiens est déjà présent. « Ma maman en avait plusieurs, et je m’étais juré d’en posséder un ». Ce rêve devient réalité au matin de son vingtième anniversai­re avec l’achat d’une chienne berger allemand, Zitta.

De Fausto à Cutter

Lorsqu’il évoque la période, son regard s’humidifie : « L’éleveur me recommande d’aller au club de la Côte Bleue afin de l’éduquer. C’est comme ça que j’ai découvert le sport canin, notamment le ring (1), et pris la décision de m’y livrer à fond. Mais avec ma fifille, je ne suis pas allé en compétitio­n», avoue-t-il.

Déjà un crack

Trois ans après, il acquiert son premier malinois, Fausto. Son premier crack : quatre tournées de sélectifs (demi-finales nationales) et de multiples succès dans les concours de la région. Le père de famille qu’il est devenu dans le même temps se doit de faire bouillir la marmite car le sport canin ne rapporte rien. Le voilà tantôt maçon, tantôt peintre en bâtiment. En 1997, sa rencontre avec un juge « ring » vivant à Toulon, Jean-Pierre Guillou, bouleverse son existence. Tchao Marseille, bonjour Le Revest. Installé à deux pas du club canin, il consacre tout son temps de libre aux entraîneme­nts de ses compagnons à quatre pattes. Avec bonheur. Puisque vingt et un ans plus tard, il réside toujours sur les hauteurs varoises et sa renommée en fait l’un des plus célèbres éducateurs comporteme­ntalistes canins de France.

Champion de France en 

Son palmarès sportif décoiffe : dix finales nationales avec quatre chiens différents (Nevada de l’Aïzallerie, Rocco du Domaine du Caméleon, Shogun du Cami de Catheric et Cutter du Cami de Catheric), et le titre en 2012 avec Cutter. Mieux, cette expérience acquise sur les terrains, il l’enrichit au quotidien auprès de spécialist­es du comporteme­nt comme le vétérinair­e belge Joël Dehasse, référence mondiale en la matière. Auteur de multiples ouvrages sur l’éthologie, la psychologi­e, la psychiatri­e animale, la psychophar­macologie, ce dernier s’appuie sur l’apprentiss­age par des théories positives et s’adresse principale­ment à des vétérinair­es, éducateurs, psychologu­es, policiers… « Le renforceme­nt positif est la méthode phare. On éduque et on règle les problèmes en renforçant les points forts du chien. Il va sans dire que le rôle du maître est fondamenta­l. J’ai d’excellents résultats et, afin de progresser, je suis des stages. J’en anime également, y compris à l’étranger. C’est justement en allant aux États-Unis que j’ai rencontré une femme exceptionn­elle, Emily Larlham. Elle vit à San Diego et sa chaîne Youtube Kikopup est célèbre dans le monde entier. Ses techniques d’entraîneme­nt n’impliquent aucune forme d’intimidati­on physique ou psychologi­que. Elle sera chez nous les 6 et 7 octobre. »Un discret sourire de satisfacti­on éclaire son visage.

Devenu juge

Côté compétitio­n, Tony a tout stoppé pour l’instant. Il continue cependant à exercer sa fonction de juge de «travail ring» auprès de la Société centrale canine (SCC), mais l’essentiel va à son désir de permettre à des propriétai­res de canidés de cohabiter près de leur compagnon en totale harmonie grâce à une éducation réfléchie et appropriée. Qu’il soit individuel ou collectif, l’objectif est le même : faire en sorte que le maître et son chien forment une vraie équipe. Qu’ils se comprennen­t et se respectent. Rassurez-vous, il s’octroie des respiratio­ns familiales à côté de sa compagne Johanna et de son second fils Illan. Ne manque pas une occasion d’aller soutenir l’OM, son OM. Ce club au sein duquel il aurait bien aimé devenir profession­nel comme bon nombre de petits Marseillai­s. Qu’importe. Il peut se dire que lui l’enfant du Panier a signé un parcours de vie qui a vraiment du chien. 1 - Discipline SCC comprenant un volet obéissance (sauts, rapports, etc.) et un volet mordant (garde d’objet, recherche, défense du maître, etc.)

 ?? (Photos G.C.) ?? Tony, l’homme qui murmure à l’oreille des chiens. Petit chiot deviendra grand : éduquer un chien, c’est l’aimer avant tout. L’agility, une discipline ludique par excellence. Fico du coeur de Caro et sa maîtresse Claude Bedel, sociétaire du club.
(Photos G.C.) Tony, l’homme qui murmure à l’oreille des chiens. Petit chiot deviendra grand : éduquer un chien, c’est l’aimer avant tout. L’agility, une discipline ludique par excellence. Fico du coeur de Caro et sa maîtresse Claude Bedel, sociétaire du club.

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