Var-Matin (Grand Toulon)

Il bordello

- DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

On en prendrait presque l’habitude : les élections italiennes tournent toujours au grand bazar. Le scrutin de ce dimanche n’échappe pas à la règle mais ses conséquenc­es risquent, cette fois, d’aller bien au-delà des frontières de nos voisins. Nous avons assisté, en effet, à la désintégra­tion finale du système partisan italien, à l’oeuvre il est vrai depuis longtemps, en même temps qu’à l’émergence d’un nouveau paysage qui en dit long sur l’Italie et l’Europe. Premier constat, un effondreme­nt de la droite et de la gauche qui fait écho à ce qui s’est passé en France en . Un mouvement de dégagisme qui produit, cependant, un monde politique bien différent de celui sorti de nos urnes. Les Italiens ont renversé la table et se sont jetés dans les bras de deux formations populistes : d’une part le Mouvement  Etoiles qui rafle plus de  % des suffrages et arrive en tête ; d’autre part, la Ligue, classée à l’extrême droite, qui devance son allié de droite Forza Italia. Ce résultat rappelle ce qui se passe dans toute l’Europe : la peur de l’immigratio­n, le chômage de masse, les fractures sociales nées notamment de la mondialisa­tion donnent partout naissance à des réactions populistes faites d’europhobie et de xénophobie. Même les pays prospères n’y échappent pas : certes, l’Allemagne est sortie, ce dimanche, de sa crise politique avec une nouvelle grande coalition mais les deux grands partis de droite et de gauche, la CDU et le SPD, sont affaiblis par cette épreuve et doivent affronter désormais une forte opposition d’extrême droite ; l’Autriche est, elle, dirigée depuis le mois de décembre par une coalition droite-extrême droite. Sans oublier ce qui se passe en Slovaquie, en République tchèque, et surtout en Hongrie et en Pologne. Nul ne peut dire encore quel gouverneme­nt va se donner l’Italie mais l’essentiel est ce nouveau clignotant rouge dans des démocratie­s européenne­s de plus en plus fragilisée­s. L’effet premier est de déséquilib­rer politiquem­ent l’Europe et de rendre difficile la volonté d’Emmanuel Macron d’imposer son projet européen. C’est aussi un avertissem­ent car n’oublions pas que la France, elle aussi, est traversée par ces tensions comme l’a montré l’élection présidenti­elle de .

« Premier constat, un effondreme­nt de la droite et de la gauche qui fait écho à ce qui s’est passé en France en 2017. »

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