Caserne Allègre : de nouvelles fouilles prévues
Entamé le 5 mars, le diagnostic archéologique sur le site de l’ancienne gendarmerie s’est terminé hier. Des fouilles plus poussées doivent être ordonnées dans les mois à venir
Sitôt les portes métalliques du chantier passées, elle éventre le sol. Une tranchée de deux mètres de large sur presque huit de long, aussitôt suivie de deux carrés de deux mètres sur deux. Le fond est là, à cinquante centimètres à peine et le tout ne représente qu’un échantillon de la zone s’étalant sous l’ancienne caserne Allègre, mais l’on vient de changer de dimension. Partout, des os humains, comme nous le décrivions déjà dans notre édition du 9 mars. Et dans quelques mois, la Drac (Direction régionale des affaires culturelles) doit ordonner des fouilles préventives, afin de tirer au clair tout ce que cachent ces ossements. Pour le moment, des restes de tibias et de côtes sont mêlés à la terre, quand les fémurs et les omoplates n’ont pas été regroupés en des semblants de fosses communes. Au fond, deux squelettes ont été délogés de leurs sépultures. Mais le crâne de l’un d’eux a parfaitement imprimé sa marque dans la glaise. Il y est resté plus d’un siècle…
Ostéothèque
Patrick Digelmann contemple ce qu’il reste de ces pauvres diables, poings sur les hanches et casque vissé sur la tête. Cet archéologue des services du Département est responsable de ce chantier si particulier, qui a pour théâtre l’ancienne caserne de gendarmerie Allègre, à l’entrée ouest de la ville. C’est là que les militaires, à la fin du XIXe siècle, ont installé leur garnison sur l’ancien cimetière Saint-Roch, garnissant ses remblais de squelettes. Commencée le 5 mars, la mission de l’archéologue est de réaliser un « diagnostic » du site. En clair ? « Évaluer la taille du cimetière, le nombre de personnes qui y sont enterrées et jusqu’à quelle profondeur », lâche Patrick Digelmann. Si les tranchées creusées ont été rebouchées hier, le chercheur a deux mois pour rendre son rapport à la Drac. Celle-ci doit ensuite se prononcer dans un délai de trois mois. Mais une représentante de cette dernière, passée visiter le chantier il y a près d’une semaine, a d’ores et déjà assuré que des fouilles préventives devront être ordonnées dans les mois à venir si le sous-sol était menacé. Et vu que le Département entend construire sur l’emplacement de la vieille caserne un bâtiment regroupant ses différents services sociaux avec un parking souterrain en prime… Même, si le projet, qui doit démarrer en juin 2018, devait être retardé, autant dire que les Toulonnais ensevelis dans l’antique cimetière risquent de ne pas faire de vieux os… Mais il faut tirer au clair ce qu’il se cache dans les entrailles de la nécropole et compléter les résultats de la première fouille (lire ci-contre). « Lors de la construction de la caserne, les os ont été comme regroupés, révèle Patrick Digelmann. Mais il y a également eu beaucoup de mouvements quand le cimetière était encore en activité. On a, par exemple, un corps auquel il manquait des jambes car on avait construit une fosse commune…» Une dizaine de corps, alignés dans un axe nord-sud, ont également été découverts. De quoi orienter l’archéologue départemental vers la présence de nombreux autres squelettes dans la zone. Deux d’entre-deux sont actuellement étudiés par un anthropologue dracénois. Une fois toutes les fouilles terminées, tous les squelettes toulonnais pourraient aller à l’ostéothèque de Marseille, rattaché à la faculté de médecine. Et enfin trouver le repos éternel…