Le débat débute entre les cheminots et les usagers
Apèrs Toulon la semaine dernière, les agents de la SNCF sont allés, hier, à la rencontre des usagers en gare des Arcs, afin de leur expliquer pourquoi la réforme du gouvernement ne leur convient pas
Madame, monsieur, une petite bande dessinée ? » Il est à peine 6 h 45, mais les cheminots présents devant la gare des Arcs-sur-Argens n’ont pas perdu leur bonne humeur, au moment de distribuer des tracts aux voyageurs. La raison de cette action, menée par la CGT, n’est pourtant pas réjouissante pour ces cheminots. A cette heure matutinale, ils ont expliqué aux usagers la raison de leur mécontentement, suite au projet de réforme de la SCNF par le gouvernement. Une ouverture à la concurrence et la fin du statut de cheminot sont notamment envisagés.
Réactions variées
De possibles changements qui n’enchantent pas vraiment Eric Franciosi, secrétaire CGT cheminot des Arcs. « Est-ce le statut des cheminots qui est responsable des retards ou des pannes ? Non. Ils sont dus à un manque d’investissement de l’État sur les petites lignes, notamment. Quant aux exemples d’ouverture à la concurrence à l’étranger, elles ont été catastrophiques ! » De 6 à 8 heures, les syndicalistes ont donc tenté de faire passer le message aux voyageurs, avant la grève nationale de jeudi. Et les réactions ont été diverses face à la bande dessinée revisitée de la CGT. Certains l’ont refusée. D’autres s’en sont emparés pour la lire tranquillement. Quelques-uns ont apporté leur soutien aux cheminots. Une jeune femme a réagi de manière véhémente, sans débattre très longtemps. Une autre, en aparté, nous a expliqué pourquoi elle n’est pas d’accord avec cette grève. « Ils ont certains avantages que l’on n’a pas dans le privé. Je trouve qu’il est juste de repasser sur une égalité.(sic) Avant les conditions étaient peut-être plus dures pour les cheminots mais maintenant ça a évolué je pense. »
Pépy en prend pour son grade
Puis, un gérant d’entreprise a dialogué avec les agents. « Quand vous faites grève, je le subis. Personnellement, cela fait cinq ans que je prends le train et que je suis embêté… J’opte davantage pour le covoiturage. De plus, faire trois mois de grève, c’est inadmissible*! » Les syndicalistes ont alors répliqué, expliquant encore une fois que « le statut des cheminots n’est pas la cause des pannes ou des retards ». Enfin, étonnamment seraiton tenté de dire, ces derniers protagonistes sont tombés d’accord sur un point. « Je n’ai rien contre vous. Mais il y a clairement un problème d’organisation plus haut… », a conclu le gérant. Une opinion partagée par Eric Franciosi. « Les gens comprennent que ce ne sont pas les petits cheminots qui sont responsables de tout ça. Cela fait 15 ans que nous avons le même président (Guillaume Pépy). Pourquoi est-il encore là?». Autant de questions qui se posent et qui ont de grandes chances de perdurer. La CGT annonce deux jours de grève par semaine jusqu’en juin, si une solution n’est pas trouvée avec le gouvernement. Clairement, le débat ne fait que commencer.