PacifikMeltingPot termine son tour du monde
La chorégraphe de danse contemporaine installée à Toulon, Régine Chopinot, donne, demain soir, la dernière de cette création internationale, au théâtre Liberté
Un pont entre la Méditerranée et le Pacifique, avec comme point d’ancrage les îles de Nouvelle-Calédonie, de Nouvelle-Zélande et du Japon. Il a fallu plusieurs années à la chorégraphe de danse contemporaine Régine Chopinot pour construire PacifiKMeltingPot, avec des artistes issus de chacune de ces cultures. Un spectacle vivant et mouvant, qui mêle danse, musique, chants, voix… Retour sur cette aventure humaine et artistique, avant la dernière, mardi soir au Liberté, que la chorégraphe prévoit très chargée en émotions.
Pouvez-vous nous raconter cette aventure entre le Pacifique et la France ? Depuis , j’ai commencé à voyager dans le Pacifique. La première rencontre s’est d’abord faite en NouvelleCalédonie à Lifou, avec le groupe du Wetr. Sur le plateau de PacifikMeltingPot, il y a trois jeunes artistes de Lifou. Ensuite, je me suis rendu compte que j’étais à deux heures d’avion de la Nouvelle-Zélande. À partir de , j’ai rencontré des artistes, chanteurs, performers, comédiens, danseurs. Il y a une chanteuse maori sublime, un grand chef des îles Cook, une jeune danseuse des îles Samoa sur le plateau. Et puis, je me suis aperçue que je pouvais faire un stop au Japon, et j’ai renoué avec un ancien danseur du CCN de La Rochelle, que j’ai animé pendant ans. C’était la dernière étape pour PacifikMeltingPot.
Cette aventure inédite s’étale sur près d’une dizaine d’années. Qu’estce que cela change pour vous en tant que chorégraphe ? C’est le temps du voyage qui impose ça. C’est aussi le temps de l’éloignement. Ça fait une relation très très forte entre nous tous. Parfois, je parle de PacifikMeltingPot, comme du travail de l’amitié. Comment le temps et l’espace tissent des relations qui sont nécessaires aujourd’hui pour vivre tout ce qu’on a à vivre.
Est-ce ce que vous avez voulu raconter avec la danse, les chants, les voix? Ce qui est important, c’est l’énergie et comment elle est transmise aussi bien par les pieds qui battent le sol, que les mains qui font des percussions sur le corps. Comment la voix tisse des accordéons d’énergie entre eux sur le plateau et le public… C’est un travail sur l’écoute, l’unisson, la polyphonie. Un travail qui fait beaucoup voyager. Ce sont les retours que l’on a reçus des publics, depuis qu’on a commencé la tournée.
Y a-t-il un peu de la culture de chacun dans le spectacle ? Oui, il y a un moment dans la pièce que l’on appelle la Généalogie. En fait, dans ces cultures du Pacifique, comme il n’y a pas d’état civil écrit, on est obligés de nommer toute la filiation dont on est issu, lors de certaines fêtes : le grandpère, la tantine… Certainement plus de quatre-vingts personnes ont travaillé à l’écriture de cette pièce. À un moment donné, on nomme tous les gens qui ont travaillé à PacifikMeltingPot et qui ont laissé, parfois un chant, parfois une danse, parfois un sourire, parfois une énergie.
Quelle importance, pour vous, a la mer, que l’on retrouve dans votre parcours de La Rochelle, à Toulon, puis dans ces îles du Pacifique, jusqu’aux grandes dates de la tournée à Yokohama, Wellington, Auckland…? C’est mon imaginaire. Quand je ne vais pas bien, je vais saluer la mer et ça, c’est une chose que je fais depuis toute petite, puisque je suis née en Algérie. En revenant à Toulon, c’était aussi une manière de renouer avec la mer de l’enfance. Le port, c’est l’endroit où l’on est face à un horizon. J’ai toujours besoin de voir la ligne infinie. Ça m’incite à voyager et aussi à revenir. Aujourd’hui, avec le fait que je sois artiste associée au Port des créateurs à Toulon, c’est le port où je reviens. Demain à 20 h 30, au Liberté, tarifs de 5 à 28 euros, selon conditions, covoiturage possible. www.theatre-liberte.fr
Une relation très très forte entre nous tous ”