Meurtre en appel aux assises : cause de la mort inconnue
Les médecins légistes n’ont pu déterminer si la mort de Carine Desiles était naturelle, accidentelle ou criminelle. L’accusé, précédemment acquitté, refuse de venir à son procès
Acquitté en avril 2016 de l’accusation de meurtre sur une toxicomane, le 7 juin 2011 dans le centre de Marseille, Sébastien Ribière a de nouveau joué hier la politique de la chaise vide à son procès en appel. S’il se trouvait depuis lundi dans le box de la cour d’assises du Var, c’était la volonté du parquet général d’Aix-en-Provence, après son acquittement devant les assises des Bouches-duRhône. Après avoir refusé la veille de s’asseoir dans le box, il a refusé hier de quitter sa cellule de la maison d’arrêt de Draguignan. Tout comme il a décliné d’y rencontrer l’huissier, venu à l’heure du laitier le sommer de comparaître. Du coup, son interrogatoire et celui d’Alexandrine Brugerolle de Fraissinette, poursuivie à ses côtés pour recel de cadavre, n’ont pu avoir lieu.
Deux autopsies
C’était pourtant une journée importante pour sa défense, puisqu’elle était consacrée à entendre les experts. À commencer par les médecins légistes. Pas moins de quatre médecins de l’institut médicolégal de Marseille (IML) avaient cherché à savoir de quoi Carine Desiles, 37 ans, avait bien pu mourir dans la nuit du 7 au 8 juin 2011. Le premier expert a vu le corps de la victime, en état de putréfaction dans sa baignoire, et a procédé à l’autopsie quelques heures après. « Absence de lésion suspecte en l’état du corps », a-t-il conclu, sans exclure une noyade. Une seconde autopsie a été pratiquée cinq jours plus tard par deux autres légistes, dont le chef de service de l’IML. « On est absolument incapables de dire de quoi cette personne est décédée », a conclu ce dernier.
Y a-t-il eu crime ?
L’analyse anatomopathologique n’a pas apporté davantage de certitudes. Elle a relevé une fracture d’une corne du larynx, qui pour l’accusation pouvait résulter d’une manoeuvre d’étranglement. Mais elle pouvait également avoir été occasionnée au cours de la première autopsie. «Est-ce une mort naturelle, accidentelle ou criminelle ?», a questionné Me Jean Boudot, pour la défense de Sébastien Ribière. Les experts n’ont pu apporter aucune réponse à cette question de base. L’expert toxicologue a conclu que Carine Desiles avait absorbé de la cocaïne. Mais il lui était impossible de déterminer en quelle quantité, si elle avait pu faire une overdose, ni quel avait été son état de conscience au moment de sa mort. Enfin, deux autres experts ont indiqué que l’empreinte génétique de Sébastien Ribière, ainsi que des empreintes digitales des deux accusés avaient été retrouvées sur les lieux. Ce qui ne semblait pas extraordinaire, puisqu’ils ne contestaient pas avoir été hébergés par la victime pendant près d’un mois. D’autres experts seront entendus aujourd’hui, sur la téléphonie mobile des accusés. La cour entendra aussi quelques écoutes.