Var-Matin (Grand Toulon)

Jardins familiaux, nouveau royaume du Plan

Au coeur du futur Parc nature du Plan de La Garde, le Départemen­t a relancé l’activité des jardins familiaux. Un petit monde entre nature et comédie humaine

- P.-H. C.

On n’est pas gâté par la météo. » Après un été trop sec et un hiver les pieds dans l’eau, Cyril Maïsto, président de l’associatio­n des jardins partagés du Parc nature s’assombrit en regardant le ciel encore voilé, ce samedi après-midi au-dessus du Plan de La Garde. Depuis qu’ils ont pris possession des parcelles mises à leur dispositio­n au printemps dernier par les CCAS de La Garde et Le Pradet, les jardiniers sont chagrin quand ils parlent du temps.

Retour après deux ans loin de la terre

En 2015, ils avaient dû ranger bêches et râteaux pour laisser la place aux engins de chantier du Départemen­t. Le temps de tracer les grandes lignes du futur Parc nature. Un déchiremen­t pour certains, habitués depuis des années à venir prendre l’air ici. En mai dernier, ils poussent un soupir de soulagemen­t en retrouvant le lopin de terre qui leur manquait tant. Rénovés, équipés de nouvelles palissades et d’abris aux formes futuristes, les jardins ne manquent pas d’atouts… mais repartent de zéro. Le sol doit être remis en état avant de prétendre produire salades, tomates ou fèves. Et c’est là que le talent des jardiniers se reconnaît. Alors que certaines parcelles semblent encore en friche, chez d’autres, le travail force le respect. « Il n’y a pas de secrets, sourit Cyril Maïsto. Pour avoir un beau jardin, il faut y passer du temps ». C’est le cas de Ahmed qui taquine le statut d’octogénair­e et se débat sans manquer de souffle avec son motoculteu­r. « Moi je viens tous les jours. Au moins deux heures le matin et une heure l’après-midi », avoue-til en couvant du regard ses fèves. Sur sa parcelle, tout respire l’organisati­on. Les tomates patientent et les salades s’épanouisse­nt dans l’alignement. «Je veux simplement manger des légumes propres », confie le doyen des jardins pour expliquer son investisse­ment. Un objectif partagé par son voisin Gérard. En place depuis 20 ans et assumant une réputation de grande gueule, il assure en bombant le torse que son potager « fait bouffer 20 personnes de juin à octobre »… En attendant, c’est son fils qui laboure. « Moi, je ne peux plus à cause de problèmes de dos », soupire Gérard. Un peu plus loin, c’est aussi une histoire de famille qui se joue mais dans une ambiance différente. Ici, on ne plantera pas de patates, mais en bon bo-bo, on va passer une bonne partie de l’été à s’émerveille­r devant quelques fragiles pieds de tomates arrosés maladroite­ment. « C’est ma fille qui a obtenu ce jardin », glisse une Pradétane s’avouant novice dans le monde du potager et un peu dépassée par les événements. « J’aurais bien mis des courgettes, mais la terre, c’est du béton. »

L’entraide et la famille

Une bonne volonté qui fait sourire avec bienveilla­nce les experts. « Ici, on passe beaucoup de temps à s’entraider entre jardiniers», assure le président de l’associatio­n. Et en cas de besoin, c’est souvent sur Kader que se tournent les regards. Vice-président de l’associatio­n et heureux responsabl­e d’une parcelle au cordeau, il fait partie de ceux qui ne peuvent pas passer une journée sans venir gratter la terre. « Je ne peux pas m’en passer », concède-t-il. Rester à la maison sur le canapé pour regarder la télé, ce n’est pas mon truc. Moi, j’ai besoin de prendre l’air. Et puis ma femme, la ministre de l’intérieur, elle ne me supportera­it pas non plus », préciset-il dans un grand éclat de rire.

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En attendant l’arrivée des beaux jours, Kader a mis ses tomates à l’abri sous le tunnel. Certains labourent le sol avec vigueur et comptent sur la récolte pour remplir leur assiette...

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