La police municipale en mode sauvetage
Que diable allaient-ils faire dans cette galère? Michel Duffour et Pascal Fresneau, tous deux membres du Club nautique de la Marine, ne sont pas prêts d’oublier ce 25 mars 2018. Car sans l’intervention de deux policiers municipaux, l’aventure des compères aurait bien pu se terminer tragiquement… Hier, alors qu’ils sont venus remercier leurs sauveurs au siège de la maréchaussée toulonnaise, Michel et Pascal, moustaches et cheveux blancs, racontent le déroulé de cet étrange dimanche de mars.
Trois mètres
Depuis 10 h du matin, ils sont au large des plages du Mourillon. À bord du Terre-Neuve, une vedette à cabine, les deux marins sont chargés d’installer des bouées et d’assurer la sécurité des participants de la régate organisée ce jour-là par le Club nautique de la Marine. Aux alentours de 14 h, « pour se reposer un peu du vent de force 7 et de la grosse houle de sud-est, on va voir si c’est plus calme dans l’anse du Lido », détaille Michel, ancien major mécanicien dans l’aéronautique. Sauf que dans l’anse, le fond remonte rapidement… Le vieux major fait demi-tour, et là, « deux vagues de trois mètres frappent le navire », se remémore Pascal. Bien qu’habitué aux projectiles, ce technicien de la DGA Essais de Missiles sur l’île du Levant n’est pas prêt d’oublier ces deux chocs. Leur puissance fait chavirer le Terre-Neuve, jetant les deux papis dans les flots à 13°C.
Maudits cirés
Ils ne sont qu’à une grosse cinquantaine de mètres du rivage, mais empêtrés dans leurs cirés et leurs bottes, le retour est très compliqué. Si Pascal parvient, le courant aidant, à parvenir non loin d’une des digues, Michel est en difficulté. « J’ai nagé 30-40 mètres, puis, épuisé, j’ai appelé à l’aide. J’ai su plus tard que ma température était descendue à 33,6°C, et on perd connaissance à 33°C…», souffle-til. C’est à ce moment qu’interviennent le brigadier Franck Gérard et le brigadier-chef principal Régis Licata. Le hasard a voulu, qu’avec un troisième collègue, ils choisissent ce moment pour patrouiller dans le coin et sécuriser les plages. Franck Gérard aperçoit le bateau retourné, les municipaux foncent, se garent près du restaurant La Plage. Le brigadier Gérard s’élance dans l’eau jusqu’à la poitrine pour attraper Pascal Fresneau, tandis que Régis Licata ôte bottes et ceinturon avant de plonger et de ramener Michel Duffour jusqu’au rivage. Par chance (décidément !), les deux policiers ont leur brevet de sauveteur…
Hissez haut !
Un lieutenant des pompiers présents appelle fissa deux ambulances qui embarquent Michel et Pascal aux urgences de Sainte-Musse. Ils n’y resteront qu’un après-midi. Du côté des deux héros, si Franck Gérard concède que « c’est la première fois qu’on fait un tel sauvetage sur les plages du Mourillon », on la joue modeste. « Honnêtement, je suis même étonné qu’un civil n’ait pas sauté avant! », glisse Régis Licata. Quant aux miraculés, le bain glacé est loin de les avoir refroidis. « J’ai plus de 20 ans de régate, je vais continuer ! », cingle Michel Duffour. Hissez haut !