Ses menaces de mort lui valent de la prison ferme
Sa relaxe pour corruption de mineurs n’a pas empêché un quinquagénaire d’être condamné hier à Toulon. Son comportement trouble et « érotisé » a focalisé l’essentiel de l’audience
Chemise blanche impeccable, gilet noir. Il a un air détaché devant le tribunal correctionnel, avant de soupirer bruyamment et de lever les yeux au ciel en signe d’incrédulité pour ce qu’on lui reproche. Hier matin à Toulon, Christian D. avait surtout à redouter ses propres manières, désinvolte, narcissique, se trouvant toujours des excuses, marquant même du dédain pour « ces filles indiscrètes » qui lui valent de comparaître. La justice le soupçonnait de corruption de mineurs sur une fillette de 11 ans et sur deux adolescentes de 14 ans, mais aussi de menaces de mort sur une jeune femme de 19 ans. Le quasi-quinquagénaire est ressorti encadré par les policiers, malgré sa relaxe pour une partie des faits. Vitupérant en quittant la salle d’audience. « C’est quoi, ça ? Vous êtes contente, là ? C’est facile de mettre les gens en prison, vous allez voir qui je suis .» Relaxé pour la corruption de mineurs, mais coupable de menaces de mort par écrit, ce qui lui a valu un mandat de dépôt, avec trois ans de prison, dont deux avec sursis et mise à l’épreuve. Il lui est interdit, notamment, de demeurer dans le Var.
« Ne pas juger sur sa personnalité »
Au terme d’une audience difficile, son avocate Aurélie Dambrine a appelé le tribunal à ce qui « est honnête et juste juridiquement ».« On voudrait juger cet homme sur la personnalité, a-telle concédé. Mais on [doit] le [juger] en droit. » De son comportement limite avec des filles mineures, l’avocate dit que ce sont « des maladresses ».« Il n’a pas d’arrière-pensée, c’est un vrai enfant, il est sans perversion ». Les faits ont été passés au crible. De cette collégienne de 11 ans, vue près de son établissement à La Seyne, il dit : « Elle était assise par terre, en plus en mini-jupe.» « Pourquoi “en plus, en minijupe”?», s’étonne le tribunal. « Je sais pas, assise par terre en minijupe, alors qu’il y avait un banc à côté », se justifie-t-il.
« Ha, j’ai dit ça?» «Vous l’avez écrit »
L’homme qui se fait appeler Christiano est plein de bagou – il« connaît bien » Ronaldo, Benzema, Zidane… Il dit vouloir monter une équipe de foot féminine. Il envoie un texto à la fillette. « Viens avec des copines qui aiment le foot . Il commence à faire chaud, j’ai même enlevé le pantalon ». On est en décembre. « Ha, j’ai dit ça ? », met-il en doute à l’audience. « Vous l’avez écrit .» Une autre fois, ce sont deux adolescentes à qui il demande son chemin aux Sablettes à La Seyne. « Ce sont elles qui m’ont suivi », se défend-il. Sur son téléphone portable, elles ont vu « des photos de femmes dénudées ». Pourquoi ? Elles sont « indiscrètes et pas farouches pour des filles de 14 ans ». Dernier épisode à Cassis, avec le pseudo-recrutement d’une serveuse « qui doit être prête à travailler en mini-jupe » – alors que lui-même est en recherche d’emploi. Après un entretien qu’elle qualifie de « bizarre », la femme de 19 ans refuse finalement. Il réagit mal. Très mal. « Les balances, nous en Sicile, on les met sous terre. Qu’est-ce qui t’a pris d’amener tes parents, sale pute ! » Ce sont finalement ces mots, écrits dans un texto, qui ont pesé. Et qui fondent sa condamnation. « De son point de vue, tout est érotisé, sexualisé », avait analysé le ministère public. « Non, les gens ne viennent pas à lui. Il rode, il prospecte. Et pour la remise en cause ? Néant. On est dans le microcosme de Christian D. » Pour ce qui est de l’audience manifestement, il n’a pas varié.