Miou-Miou: «Les gens m’aiment bien»
Après le départ brutal d’un père frivole, deux soeurs se portent au secours de leur mère. Celle-ci, totalement désabusée, menace de sombrer dans la dépression, ce qu’il faut évidemment éviter. Rose et Alice (Camille(s) Cottin et Chamoux) s’assignent une mission : lui faire oublier ses malheurs dans un club de vacances sur l’île de La Réunion. Miou-Miou, accompagnée de la réalisatrice et de l’un des comédiens, Sylvain Quimene, s’est réjouie lors d’une avant-première au Pathé Gare-du-Sud, à Nice, de son rôle dans ce remake d’un film danois de 2014, All Inclusive.
Manifestement, vous avez pris plaisir à faire ce film ? Miou-Miou : Ce qui m’a plu, surtout, c’est que ce film est «intelligemment» drôle. Éloïse n’avait qu’une envie : faire voyager les gens pendant une heure et demie. Leur en donner pour leur argent, si j’ose dire. Au Festival de l’Alpe d’Huez, où nous avons reçu le Prix du public, des vagues de rires ont accueilli Larguées. L’une des projections les plus magiques de toute ma vie !
Revenir à l’écran dans une comédie, c’est un parti pris ? À une époque où, tous les jours, des informations nous accablent, je trouve le travail d’Éloïse formidable. Pour moi, c’est carrément une mission. Je n’avais jamais ressenti cela aussi intensément, alors que j’ai tourné dans de nombreuses comédies, notamment pour Georges Lautner. Mais là, vraiment on y va ! Les gens s’amusent, c’est splendide !
Prétendant l’aider, deux filles refusent à leur mère toute nouvelle vie amoureuse… Il ne s’agit pas tant de sa vie amoureuse que de sa vie sexuelle. Et curieusement, celle qui paraît la plus dévergondée, ou disons la plus rock’n’roll, est celle qui a le plus de mal avec cette idée.
Rien qui ressemble à ce que vous avez vécu ? Pas du tout. D’abord, mes deux filles n’ont pas tout à fait le même caractère. Et surtout, elles sont très grandes. Deux miradors ! Je n’ai donc pas fait le rapprochement, Rose et Alice étant plutôt de mon format. Quant à ma mère, j’étais au courant de ses amants, elle n’avait sur ce point aucun secret, c’était quelque chose de familier. Il faut dire qu’on vivait dans une promiscuité totale, dans un deux-pièces aux Halles. Ma soeur et moi n’avions pas de chambre. On dormait dans le canapé du salon.
Mais c’est Zola ! C’est ce que m’a dit un jour Simone Signoret. Ma vie lui faisait beaucoup penser à un roman de Zola, Le Ventre de Paris. Mais je suis née en ! Ça m’amuse de me dire que j’ai pile soixante-huit ans au moment où l’on commémore Mai-.
C’est ça qui ne va pas. On a tous en tête Les Valseuses et l’on vous retrouve en mamie... C’est tellement loin, Les Valseuses... J’avais vingtdeux ans, vous vous rendez compte ? C’est vrai que ce film a été un phénomène de société énorme. C’était quelque chose d’unique, de nouveau. Les gens m’en parlent encore, je représente leur jeunesse. Raison pour laquelle, je crois, ils m’aiment bien.
Vous serez bientôt dans Pupille, de Jeanne Herry. C’est comment de tourner pour sa fille ? C’est bien ! D’abord, j’aime l’idée d’avoir des filles qui travaillent : je leur ai toujours appris à être financièrement indépendantes. Jeanne s’est révélée une metteuse en scène formidable. Douce, têtue, sachant ce qu’elle veut mais, parce qu’elle connaît bien le milieu artistique, parlant toujours très calmement, avec beaucoup de compréhension. Elle m’a bluffée. Et puis, je me souviens que pendant le tournage à Brest, j’ai déposé des chocolats pour elle à l’hôtel. La réceptionniste m’a dit : «Ah, c’est pour Madame Herry ? » Ça m’a fait drôle. Normalement, Madame Herry c’est moi ! Les choses se sont inversées, j’ai trouvé ça bien.
Et quand sa propre fille devient sa patronne ? Pour avoir été apprentie tapissière, je sais ce que c’est que d’avoir une patronne. Avec un metteur en scène quel qu’il soit, les rapports ne sont pas ceux-là. Un film, c’est toujours une aventure collective.